Pourquoi bannir la fessée ?
Le 22 décembre dernier, une loi historique a été votée en France : elle interdit « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles. ». On peut donc dire que l’usage de la fessée est officiellement interdit par la loi. Quelle avancée, quelle victoire pour les enfants français !
Et pourtant, cette loi est loin de faire l’unanimité. Qui n’a pas déjà entendu l’argument soit disant massue : « j’ai reçu des fessées, et je n’en suis pas mort ! » ? Cette phrase resservie à toutes les sauces montre malheureusement que beaucoup ignorent tout des conséquences réelles que la fessée peut avoir sur les enfants. Pourtant, elles sont nombreuses, et sérieuses. Lorsque l’on s’intéresse de près au développement de l’enfant, au fonctionnement de son cerveau, à sa manière de penser et d’agir, à ses ressentis, alors la réponse à la question « pour ou contre la fessée » ne fait aucun doute.
J’ai été profondément choquée du nombre de commentaires affligeants que j’ai pu lire sous les articles de presse concernant cette nouvelle loi. Comme si cette idée de protéger les enfants par une loi symbolique était totalement farfelue et absurde, comme si bannir la fessée signifiait tomber dans le laxisme et finir avec des enfants rois, comme si par extension, il y aurait plus de délinquants dans le futur puisque les enfants auront été « mal éduqués », et j’en passe.
D’où l’idée d’écrire cet article : il me tient à cœur de faire une petite mise au point ! (À noter que ce que je dis à propos de la fessée doit être étendu à toutes les violences éducatives !).
LA FESSÉE EST UNE VIOLENCE
La fessée est une violence physique (on tape l’enfant) et psychologique (elle est humiliante, et de plus elle est souvent accompagnée de menaces : s’il recommence son acte, il en aura une autre). Elle est malheureusement banalisée, mais c’est une violence ! Quand aux « petites fessées pas fortes », elles n’en restent pas moins dégradantes et humiliantes, et sont ainsi violentes, au moins d’un point de vue psychologique. Quand un adulte donne une gifle à un autre adulte, ou menace de le faire, ne dit-on pas qu’il a été violent ? Quand une femme reçoit des gifles ou autres coups de son mari, ne dit-on pas qu’elle est maltraitée ? Pourquoi cette perception change-t-elle lorsqu’il s’agit d’un enfant ? Ne dit-on pas que lorsque le plus fort s’en prend physiquement au plus faible, il fait preuve de lâcheté ? Et depuis quand « je n’en suis pas mort » ou « ça n’a jamais tué personne » est-il perçu comme un argument recevable ? Je pourrais citer des centaines de choses qui n’ont jamais tué personne et n’en sont pas moins terribles ! Vous imaginez quelqu’un dire : « son mari lui donne des gifles de temps en temps, mais bon ça va, elle n’en est pas morte ! ». Ou encore : « à la maison de retraite, mamie reçoit des fessées quand elle n’est pas sage. Mais bon ça va, elle n’en est pas morte ! ».
IL N’Y A PAS DE « FÉSSÉE BIEN MÉRITÉE »
« Mais il l’avait bien méritée celle-là ! » entend-on souvent. Soyons clairs, aucun enfant ne mérite qu’on le tape, quelque soit la « bêtise » qu’il ait commis. Trop peu de gens en ont conscience finalement, mais il est si important de savoir que les caprices d’enfants n’existent pas ! Les neurosciences affectives le prouvent ! Ce que les adultes interprètent comme des caprices sont simplement des tempêtes émotionnelles : le cerveau encore immature du petit enfant ne lui permet pas de réguler ses émotions comme le ferait un adulte. Il les subit de plein fouet. Quand il est triste, angoissé ou en colère, il est le premier surpris et déstabilisé par l’intensité des sentiments qui le submergent. Si un enfant de 2 ans crie et se roule par terre parce que sa maman lui a refusé de lui acheter des bonbons au supermarché, ce n’est pas de la comédie ni de la manipulation ! Les stimulations du supermarché mettent son cerveau à rude épreuve, il est sous stress, et à la moindre frustration, la soupape explose… Tout ce dont il a besoin, c’est que sa maman fasse preuve d’empathie pour l’aider à traverser cette épreuve. Lui donner une fessée ne fera qu’augmenter son stress ! « Mais à chaque fois qu’il a reçu une fessée, il était prévenu ! » entend-on aussi. Dans l’exemple cité, même si la maman lui avait dit en amont « ne fais pas de crise au supermarché cette fois-ci », l’enfant n’a pas de prise la dessus. Il n’est simplement pas capable de gérer ce stress tout seul, ni de prendre du recul sur ce qu’il vit, comme nous adultes ! Ce serait un peu comme dire à un adulte ayant la phobie des araignées : je te préviens, je vais te mettre une mygale dans la main, mais surtout ne panique pas ! « Prévenir » un tout-petit de ne pas répéter l’action inappropriée qu’il est entrain de commettre, et le sanctionner ensuite s’il désobéit, est tout aussi inapproprié. Il faut savoir dans le cerveau de l’enfant de moins de 4 ans environ, les zones d’impulsions et d’inhibition ne sont pas encore bien connectées. Ce qui signifie qu’il n’a pas la capacité d’inhiber ses impulsions. De plus, une force intérieure puissante le pousse à explorer ses nouvelles compétences. S’il vient de jeter quelque chose par terre et qu’on lui redonne, il est normal qu’il le jette à nouveau, quoique lui dise l’adulte ! Le menacer d’une sanction (la fessée étant l’une des pires), l’appliquer et ensuite se justifier en disant « qu’il était prévenu » n’a donc aucun sens !
Toutes ces réactions si dérangeantes pour les adultes sont pourtant naturelles et saines à cet âge. Exiger d’un enfant un comportement qu’il ne peut adopter à son âge parce que son cerveau ne le lui permet pas, puis le sanctionner par une fessée parce qu’il « désobéit » est absurde et injuste.
« L’esprit de l’enfant est disposé, jusqu’à ses racines, à l’obéissance. Seulement, quand l’adulte lui demande de renoncer à la commande du moteur qui le construit avec des lois inaltérables, l’enfant ne peut pas obéir. C’est comme si, à l’époque de la dentition, on lui demandait d’empêcher ses dents de sortir. Les caprices et la désobéissances de l’enfant sont les explosions d’un conflit vital entre sa poussée créatrice et son amour de l’adulte, qui ne le comprend pas »
Maria Montessori, L’enfant
LA FESSÉE N’ÉDUQUE PAS
Pour défendre le droit de donner des fessées, on entend également beaucoup l’argument suivant : « Mais il faut leur mettre des limites, sinon ce n’est pas possible ! ». Assimilant ainsi les méthodes alternatives, comme par exemple celles de la parentalité positive, à du laxisme. Comme si éduquer sans violence était une utopie ! Pourtant, éduquer sans violences, c’est possible, et même bien plus efficace sur le long terme. En effet, si la fessée entraîne souvent un arrêt immédiat du comportement indésirable de l’enfant, qui se fige, tétanisé par la peur, la sidération, l’humiliation et la honte, elle ne lui enseigne rien de constructif. Elle ne le responsabilise en rien, ne lui permet pas de faire face à la conséquence de ses actes, de ressentir le sentiment sain de culpabilité (qui se transformera vite en colère envers le parent) et ne lui donne aucune raison de ne pas recommencer mise à part la nécessité de ne pas se faire prendre. Si la fessée enseigne quelque chose, c’est qu’il est normal de frapper pour résoudre un problème. Qu’il est normal que le plus fort utilise la force contre le plus faible. Qu’il est normal d’être violent avec quelqu’un qu’on aime. Et qu’il convient de se soumettre au plus fort, d’obéir sans rien dire, même si la consigne paraît injuste. On en conviendra, ce n’est pas le message que souhaitent faire passer les parents, et il ne présage rien de bon pour les relations sociales futures de l’enfant ! Comment peut-on penser que l’on puisse apprendre à ne pas taper en tapant, apprendre à respecter les autres en manquant soi-même de respect ? Par les neurones miroirs, l’enfant apprend par imitation : les adultes sont ses modèles. L’enfant qui subit des violences physiques de ses parents risque de devenir lui-même violent et d’entretenir des rapports de force avec les autres.
L’obéissance par la peur n’est pas une preuve d’autorité
Le parent exerce une autorité naturelle sur l’enfant. En lui posant des limites de manière respectueuse, il garde cette autorité. Maria Montessori explique que l’enfant est naturellement prédisposé à l’obéissance. Si l’on fait preuve de patience, si l’on accepte qu’obéir est un apprentissage qui prend du temps, si on lui transmet les messages de manière positive, si on lui montre le bon exemple, alors en grandissant, il apprendra à faire preuve d’autodiscipline. Et surtout, il obéira à une consigne parce qu’il la trouve juste, et parce qu’il a confiance en son parent qui la lui a donnée. C’est cela, la vraie autorité ! L’éducation sans violences donne de bien meilleurs résultats sur le long terme ! Au contraire, si le parent ne se fait obéir que par la crainte, qu’adviendra-t-il lorsque l’enfant grandira et sera plus fort physiquement ? Je pense à une maman de trois garçons qui expliquait avoir recours à la fessée ou aux menaces de fessées tous les jours pour se faire obéir. Comment fera-t-elle à l’adolescence, lorsque ses trois garçons la dépasseront d’une tête ? Ils seront physiquement plus forts qu’elle. Je l’imagine mal seule à la maison avec les trois, les menacer de les taper pour se faire obéir ! Peut-être qu’alors il faudra menacer de le « dire à papa », qui lui, parce qu’il est physiquement plus fort, saura « se faire respecter » ? En menaçant de coups de poings ou de coups de pieds peut-être ? L’autorité par la fessée est totalement inefficace sur le long terme, et si le parent persiste dans cette voix, il y a toutes les chances pour qu’il devienne de plus en plus violent ! En fait, la fessée serait plutôt une preuve de non-autorité. C’est un signe de faiblesse du parent, qui n’a pas réussi à se sortir d’une situation difficile autrement. Donner une fessée le rassure sur son autorité : « je ne me laisse pas faire, je sais me faire respecter », il a l’impression de faire quelque chose et de reprendre le contrôle de la situation… Il faut aussi avoir à l’esprit que ce n’est pas parce que l’enfant obéit à son parent sous la menace en disant « oui papa » (par exemple) qu’il le respecte. Au contraire, il y a toutes les chances qu’il formule dans sa tête des idées très négatives envers lui !
Il m’est arrivée une fois de me faire obéir de mon fils par la peur. Je m’en souviendrai longtemps. Cela faisait un bon moment que je l’attendais pour lui mettre son manteau, pour que l’on puisse sortir, mais il voulait sans cesse faire autre chose. Au bout d’un moment, j’ai perdu patience. Je l’ai maintenu fermement par les épaules et lui ai dit d’un ton très autoritaire : « maintenant ça suffit, on met ton manteau et on y va ! ». Il s’est immobilisé immédiatement. Oui, il m’a obéit, il s’est laissé faire pour mettre son manteau. Mais quelle horreur de penser qu’il ne m’a pas obéit parce qu’il avait confiance en moi, mais parce qu’il avait peur de moi ! Qu’il ne m’a pas obéit de sa pleine volonté, mais sous la contrainte ! Il ne résistait pas, mais il s’est mis à pleurer. Je me suis reprise immédiatement, j’ai pleuré moi aussi, je me suis excusée. Je n’oublierai pas son regard, si surpris, sidéré de voir sa maman se comporter avec lui de la sorte. Honnêtement, j’aurai voulu disparaître au fond d’un trou. Au delà de l’aspect éducatif, donner envie à son enfant de respecter une consigne de son plein gré est tellement plus agréable, gratifiant, et bénéfique pour la relation que d’obtenir le même résultat par la peur ! C’est probablement plus difficile, cela demande de la persévérance, de l’inventivité, mais cela vaut tellement le coup ! Quand j’arrive à convaincre mon fils d’aller se laver les mains après manger pour ne pas salir ses jouets qu’il va toucher ensuite, et qu’il y va avec un grand sourire en disant « lavabo ! », j’en suis si heureuse et si fière !
LA FESSÉE ALTÈRE LA RELATION PARENT-ENFANT
Cela tombe sous le sens, c’est inévitable. Comment faire confiance à celui qui nous fait du mal ? Comment l’aimer de la même manière ? L’enfant violenté accumule des sentiments négatifs envers son parent (rancœur, rage) et s’éloigne affectivement de lui. La relation d’attachement s’en trouve grandement altérée ! En grandissant, il risque de se fermer, de ne pas lui confier ses problèmes. Au contraire, lorsque le parent est empathique et à l’écoute, la relation en sera enrichie. En conséquence, l’enfant osera se confier lorsque quelque chose ne va pas.
L’enfant a besoin d’un attachement sécurisé, il a besoin de se sentir aimé inconditionnellement par ses parents, et en sécurité avec eux. Comme l’explique la théorie de l’attachement, c’est cette sécurité affective qui lui permettra de prendre son autonomie et son indépendance sereinement.
LA FESSÉE ALTÈRE L’ESTIME DE SOI DE L’ENFANT
La fessée est humiliante et dégradante. L’enfant se sent alors mauvais, diminué, perd confiance en lui et en ses capacités.
LA FESSÉE A DES EFFETS DÉLÉTèRES SUR LE CERVEAU DE L’ENFANT
Lorsque l’enfant est sous stress, son amygdale cérébrale déclenche la sécrétion de cortisol, que l’on surnomme « l’hormone du stress ». Le cortisol est très toxique pour son cerveau encore immature et en pleine construction (particulièrement dans les 5 premières années de vie). Si ces épisodes de stress sont importants ou fréquents, le cortisol trop abondant peut détruire des neurones dans des structures cérébrales très importantes, notamment celles permettant de réguler les émotions, de gérer le stress, de faire preuve d’empathie, d’avoir un sens moral. Les neurosciences montrent aujourd’hui que les violences répétées (fessées, punitions, menaces, mots durs…) perturbent profondément le cerveau de l’enfant, et peuvent être la cause de troubles de comportements comme l’agressivité, l’anxiété ou la dépression. Elles peuvent aussi causer des troubles d’apprentissage. Ces troubles peuvent persister jusqu’à l’âge adulte, entraînant des comportements violents, des comportements à risque, ou encore des addictions. Au contraire, une attitude respectueuse et empathique aide le cerveau de l’enfant à bien se développer : à l’âge adulte, il sera plus empathique et parviendra mieux à gérer ses émotions.
Nous ne nous souvenons pas des expériences stressantes de notre petite enfance, mais elles restent néanmoins gravées dans notre cerveau à vie, comme mémorisées inconsciemment dans l’amygdale cérébrale. Quand parfois une situation nous angoisse particulièrement sans que nous comprenions pourquoi, ce peut-être une conséquence de situations de peurs vécues pendant la petite enfance.
Je laisse la parole au Dr Catherine Gueguen, pédiatre, qui vous l’expliquera bien mieux que moi l’impact des violences éducatives sur le cerveau de l’enfant ! 😉
Elle résume très bien cela dans son livre, Pour une enfance heureuse :
« La petite enfance est la période de la vie durant laquelle le cerveau est le plus fragile, le plus malléable. Tout ce que vit l’enfant toutes ses relations ont un impact majeur sur son devenir, en modifiant, modelant le développement du cerveau, et ces modifications se répercutent ensuite sur son comportement, ses capacités émotionnelles, relationnelles et ses facultés d’apprentissage. Oui, bien se comporter avec un enfant est primordial et a une influence décisive sur ce qu’il est et va devenir ».
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Alors vous qui affirmez « j’ai reçu des fessées et je n’en suis pas mort », j’ai envie de vous dire : tant mieux si vous n’en gardez pas de souvenir traumatisant, mais vous ne pouvez être certain que ces violences ne vous ont pas porté préjudice. Peut-être bien que vous seriez quelqu’un de plus détendu, de plus serein, de plus heureux même, si vous n’aviez pas subi cela dans votre enfance. Peut-être bien que vous parviendriez à mieux gérer vos émotions dans les situations difficiles et auriez ainsi de meilleures facultés relationnelles. Peut-être bien que vous auriez une meilleure estime de vous-même et une plus grande confiance dans les autres. Peut-être que vous seriez plus empathiques et ne trouveriez pas que frapper des enfants est quelque chose de normal. De nombreux adultes se trouvent trop angoissés, trop agressifs, trop impatients envers les autres, ou encore ont des troubles du sommeil, sans comprendre pourquoi. Beaucoup essaient de travailler sur eux même pour s’améliorer, mais avec la meilleure volonté du monde, rencontrent des difficultés pour apprendre à réguler leurs émotions. Et si l’éducation punitive qu’ils ont reçue en était la cause principale ?
Je vous partage le témoignage poignant de Marion Cuerq, qui a réalisé le film « Si j’aurais su… je serais né en Suède ». Française expatriée en Suède depuis l’âge de 19 ans, elle a été profondément touchée par la révolution éducative de ce pays. Rappelons que les violences corporelles faites aux enfants y sont interdites depuis 1979. Voici sa réponse, en 2015, aux français sceptiques concernant le projet de loi et répondant « j’ai reçu des fessées, et je n’en suis pas mort » :
« […] Ok, vous n’en êtes pas morts, vous êtes toujours de chair et d’os sur notre planète terre. Mais.
Si vous saviez ! Combien ça abîme une « génération ». Des gens, des adultes, qui n’ont jamais vu l’ombre d’une claque dans leur enfance. Ni victimes, ni témoins d’ailleurs, une enfance complètement dénuée de ces violences quotidiennes. Je les côtoie tous les jours, je vis avec eux, je ne vois qu’eux.
Et je peux vous le dire, quelle différence !
Vous dites que ça ne vous a pas fait de mal. Moi, je vous réponds que si.
La façon de respecter les autres, la façon de se respecter soi-même, l’autodiscipline, la sympathie ambiante, ce sentiment de sécurité, d’écoute… Cette façon de concevoir l’être humain, cette façon d’être, de vivre, de penser, de parler…
Moi je vous le dis, OUI, les violences éducatives vous ont fait du mal. […]
Cette loi, il nous la faut en France. Il faut abolir les violences faites aux enfants, toutes violences. Il faut oser aller contre nos préjugés, nos idées reçues qu’on nous a inculquées si tôt, il faut oser donner cette place aux enfants, à vos enfants, à nos enfants, pour notre société de demain.
Cette loi, ce n’est pas tirer une balle dans le pied des parents, ni de la société, c‘est au contraire la tirer vers le haut, cette société, et tellement haut… neuf millions de suédois vous le diraient. »
D’ailleurs, aujourd’hui en Suède, les prisons ferment faute de détenus… Cela donne à réfléchir, non ?
ALORS, COMMENT FAIRE ?
Je m’occupe à temps plein de mon fils de 21 mois, je sais donc à quel point certaines situations avec les tout-petits peuvent être extrêmement difficiles à vivre et déstabilisantes. Je comprends tout à fait que l’on puisse craquer, perdre le contrôle. L’idée ici n’est pas de juger les parents ayant quelques fois dérapé en donnant une fessée à leurs enfants, mais plutôt de sensibiliser aux conséquences de ce geste. Car entre donner une fessée dans le feu de l’action, le regretter ensuite, s’excuser auprès de son enfant et chercher activement des solutions pour parvenir à surmonter ses propres difficulté, ou donner des fessées régulièrement en le revendiquant comme un choix éducatif, il y a un fossé ! Mais il existe des solutions pour progresser ! Quelque soit le chemin parcouru, il n’est jamais trop tard pour changer son mode d’éducation, pour tendre vers une éducation plus respectueuse, et surtout sans violences. Il existe de nombreuses astuces pour éduquer autrement que par les menaces et la peur, très accessibles aujourd’hui dans de nombreux livres traitant de la parentalité positive. Au-delà des préjugés éducatifs, la fessée est aussi une manière pour le parent de se défouler, de relâcher ses propres tensions. Alors, quand on se sent prêt à « exploser » face à une crise de son enfant, plutôt que s’en prendre physiquement à lui, pourquoi ne pas aller taper dans un coussin par exemple ? Ou écouter une musique qui nous calme, respirer un bon coup, penser à une situation agréable ? S’informer sur le développement de l’enfant pour mieux comprendre ce que lui traverse et ressent est également d’une grande aide !
Pour mieux comprendre ce que traverse l’enfant et savoir concrètement quelle attitude adopter en cas de crise ou de désaccord, je recommande vivement les lectures suivantes, qui je pense peuvent être d’une grande aide :
- Au coeur des émotions de l’enfant d’Isabelle Filliozat
- J’ai tout essayé d’Isabelle Filliozat
- Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau de Catherine Gueguen
- Vivre heureux avec son enfant de Catherine Gueguen
Oui, les générations précédentes ont utilisé les fessées, les cris, les menaces et autres violences pour « éduquer » les enfants. Ce n’est pas pour autant que ces méthodes sont les bonnes. Elles ne savaient pas, elles ont fait du mieux qu’elles pouvaient avec les pauvres informations dont elles disposaient. Maintenant, on sait, l’information est là, les preuves scientifiques aussi, accessibles à tous. On ne peut plus ignorer tout cela ! Cette loi est un grand pas en avant pour la sensibilisation des parents et des professionnels de la petite enfance. Il était urgent de faire quelque chose ! J’ose espérer que progressivement, les choses vont évoluer !
Sources et références :
A propos des neurones miroirs :
Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen, Robert Laffont, 2016, p 42
A propos de l’amygdale cérébrale, du cortisol sécrété en cas de stress et de ses conséquences sur le cerveau :
Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen, Robert Laffont, 2016, p 41, p 77
A propos des effets positifs sur une attitude bienveillante et empathique sur le cerveau de l’enfant :
Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen, Robert Laffont, 2016, p 47-48
A propos de l’incapacité du petit enfant à inhiber les impulsions, et à propos de la force intérieure guidant l’acquisition de nouvelles compétences :
J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat, Marabout, 2013, p 58
L’enfant, Maria Montessori, Broché, 2006
A propos des tempêtes émotionnelles et de l’incapacité du petit enfant à contrôler ses émotions :
Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen, Robert Laffont, 2016, p 37-38
J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat, Marabout, 2013, p 40 à 43
A propos des conséquences de la fessée sur la personnalité de l’enfant et du futur adulte en général :
J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat, Marabout, 2013, p 169 à 171
Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen, Robert Laffont, 2016, p 154 à 161
A propos de la théorie de l’attachement :
Conférence de Nicole Guedeney sur l’attachement : https://www.youtube.com/watch?v=Vg04KWHWH5o
Pour en savoir plus sur la nouvelle loi : (articles du blog « s’éveiller et s’épanouir de manière raisonnée)
http://www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com/2016/12/apres-la-loi-on-fait-quoi.html
Crédit photo :
Photo de Oanababy , Licence Creative Commons
Minoma 13 janvier 2017
Encore un article qui me rappel a quel point je suis heureux d’avoir decouvert votre site.
Merci.
Floriane 13 janvier 2017
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire ! 🙂
AnneSophie 13 janvier 2017
Je suis d’accord. Lever la main sur l’enfant n’est pas possible et est interdit.
Obtenir un semblant d’autorité parentale par la peur ne fait pas de bons parents et encore moins des enfants heureux…
Je ne suis pourtant pas laxiste… A la maison il y a les règles mais sans violence…
Floriane 13 janvier 2017
Merci pour ce partage. Effectivement, souvent l’amalgame est fait entre bienveillance et laxisme, et c’est dommage…
J’avais d’ailleurs écrit un article sur le sujet 🙂
http://parents-naturellement.com/education-bienveillante-laxisme-amalgame/
Clara 13 janvier 2017
Magnifique article, qui fait réfléchir. J’ai reçu des fessées, jamais de claques, mais pour mes enfants je ne voudrai ni l’un, ni l’autre.
Vraiment ton article est parfait, synthétique, clair, précis, etc. ^^
Floriane 13 janvier 2017
Merci beaucoup ! 🙂
tam 5 février 2018
Très bien, ..mais c’est dans une vie un peu idéale tout ça.. sans aide familiale, quand vous êtes épuisés le soir avec le papa (je ne parle pas de des familles monoparentales) il ne faut pas se raconter d’histoire. Quand vous dites « Mais quelle horreur de penser qu’il ne m’a pas obéit parce qu’il avait confiance en moi, mais parce qu’il avait peur de moi ! Qu’il ne m’a pas obéit de sa pleine volonté, mais sous la contrainte ! Il ne résistait pas, mais il s’est mis à pleurer. Je me suis reprise immédiatement, j’ai pleuré moi aussi, je me suis excusée. » … Certains parents, je ne parle pas de vous dans le cas présent, peuvent réagir comme cela par manque de confiance en eux aussi non ? nous ne sommes pas tous des familles Ingalls dans la petite maison dans la prairie. c’est un schéma idéal dans le texte mais arrêtons de dire que c’est possible dans toutes les familles franchement ce n’est pas sérieux. Dans des familles qui ont de l’aide et du temps et qui ne sont pas épuisées oui bien sûr.
Floriane 5 février 2018
Je suis seule avec mon fils toute la journée, il n’a aucun autre mode de garde, nous n’avons pas de famille autour… donc oui je sais ce que c’est parfois de craquer, de ne plus en pouvoir, j’ai d’ailleurs écrit des articles sur ce sujet. Je ne veux pas diaboliser les parents qui ont une fois craqué et donné une fessée. Ce n’est pas le but de l’article.Je ne dis pas que ce qu’ils ont fait est bien, mais que je comprends que l’on puisse commettre une telle erreur. Mais on ne peut pas et on ne doit pas affirmer que la violence envers les enfants est justifiée. Il existe d’autres moyen d’assouvir sa colère, il existe d’autres outils, d’autres ressources. Le but de se blog est d’ailleurs en grande partie de les présenter, je vous recommande d’aller y faire un tour. Bien sûr qu’on peut réagir comme cela par manque de confiance en soi, et pour plein d’autres raisons encore. Est ce une raison pour dire que c’est tolérable ? Non ! Ces parents ont besoin d’aide, et les ressources existent. Ils faut juste le savoir, savoir où chercher de l’aide, savoir reconnaître qu’on a un problème. Et sans ce type d’article, dans une société où tout le monde dit que taper ses enfants est normal, que « pas de coups » c’est « la petite maison dans la prairie », comment serait ce possible ? Je ne trouve pas votre commentaire très constructif : il dénonce le problème mais la solution c’est « baisser les bras et taper ses enfants quand même, parce que parfois ce n’est pas possible de faire autrement ». C’est faux…
Vince 15 janvier 2017
Bonsoir,
Je vois beaucoup de commentaires positifs. Cet article est intéressant, mais je pense que de la même manière un vegan peut donner des arguments plus que positifs à ses habitudes alimentaires. Il n’empêche que je trouve ridicule de pointer du doigt les carnivores…
J’ai mis des fessées à mes enfants, je n’en suis pas fier ! Vos raisonnements ne prennent pas en compte les remords, qu’un parent peu avoir alors qu’il est face à une situation où l’impulsivité et l’instinct de protection priment.
Je vous explique : J’ai 5 ans, j’ai réussi à monter au grenier, ma petite soeur de 2 ans m’a suivi. Je suis assis sur une couverture de laine et dans un carton, je trouve la pipe de mon arrière grand-père et un paquet d’allumette… Pas besoin de vous faire un dessin sur ce qu’il s’est passé en suite… je fais descendre ma petite soeur, les flammes sont trop grandes pour que je les éteigne ; je suis obligé d’appeler mon père… Une fois la maison sauvée, trempé et certainement avec une forte dose d’adrénaline dans le sang, mon père m’a mis une fessée (apparemment) monumentale. Honnêtement je ne m’en souviens pas. Je n’ai pas eu peur du feu, mais je pense que la fessée m’a fait prendre conscience, que j’avais carrément fait une bêtise.
J’ai 10 ans mon père est décédé l’année dernière ; je joue dans le jardin avec mon ballon qui rebondit contre le mur et fait un raisonnement monstre. Ma mère vient me dire d’arrêter une première fois… Je continue… Elle vient une deuxième… Cela ne m’arrête toujours pas… La troisième fois elle me supprime le ballon… J’ai donc cherché autre chose pour taper contre ce mur, comme un ballon de rugby… Ma mère est revenue et m’a mis une gifle… Je me suis arrêté. J’ai ensuite fait rebondir mes ballon sur ce mur plus tard. Mais une fois seulement. Aujourd’hui, je joue dans ce même jardin avec mes enfants ; quand l’un d’eux fait rebondir son ballon sur le mur, je leur dis d’arrêter. Je repense à ce fameux jour et je ne regrette pas. Maintenant je comprends la gêne occasionnée ; je ne déteste pas ma mère. ça me fait sourire.
Plusieurs de mes anciens camarades dont les parents prônaient la « non violence » ; en plus d’avoir fait des centaines de trucs débiles, d’avoir consommé toute sorte de substances, ont galéré de nombreuses années professionnellement…
J’aimerais parler des enfants, qui ont l’âge des miens (3 et 5 ans) et qui sont insolents, n’en font qu’à leur tête et parfois son les bourreaux d’autres enfants…
Que dire des parents qui sont « non violents » et qui sont intransigeants avec leurs enfants à tel point, qu’ils font d’eux des êtres stressés et mal dans leur peau…
Je pense qu’il y a autant de façons d’éduquer un enfants qu’il y a d’êtres humains sur terre.
Vous stigmatisez les parents qui réprimandent physiquement leurs enfants en bourreau ou sadiques, je viens de partager votre article et un ami vient de mentionner « un défouloir pour les parents »… Non mais il faut redescendre sur terre ! mdr
Je pense qu’il n’y aura jamais d’accords sur ce sujet de la même manière que les religions, les carburants fossiles, les motards, les différents courants musicaux, la chasse, la viande etc…
Floriane 15 janvier 2017
Merci pour ce commentaire. Vous dites : « Vos raisonnements ne prennent pas en compte les remords, qu’un parent peu avoir alors qu’il est face à une situation où l’impulsivité et l’instinct de protection priment. » Je ne suis pas d’accord, je me cite moi-même : « je sais donc à quel point certaines situations avec les tout-petits peuvent être extrêmement difficiles à vivre et déstabilisantes. Je comprends tout à fait que l’on puisse craquer, perdre le contrôle. L’idée ici n’est pas de juger les parents ayant quelques fois dérapé en donnant une fessée à leurs enfants, mais plutôt de sensibiliser aux conséquences de ce geste. »Je pense que je ne peux être plus claire sur cette question… Je vois aussi que vous faite une sorte d’amalgame entre l’éducation sans violences et le laxisme. Attention, être non-violent ne veut pas dire tout laisser passer, ne pas transmettre de messages, ne pas éduquer ! J’en ai parlé dans cet article-ci, je vous encourage à le lire… http://parents-naturellement.com/education-bienveillante-laxisme-amalgame/ Le laxisme est également une forme de violence, les enfants ont besoin d’un cadre sécurisant. Peut-être que les parents des exemples de votre entourage que vous citez ne donnaient pas de cadre à leurs enfants, mais ce n’est pas ce que prône la parentalité positive. Au contraire, on cherche à responsabiliser l’enfant en lui faisant prendre conscience de la conséquence de ses actions. En tous cas je peux vous citer des enfants élevés en parentalité positive extrêmement « bien élevés » selon les critères de la société : altruistes, responsables… Dans votre exemple du feu, il me semble que l’enfant que vous étiez aurait pu réaliser qu’il avait fait quelque chose de dangereux autrement qu’en recevant une fessée. Voir les dégâts causés, voir ses parents affolés n’est-il pas suffisant ? A mon sens, dans une telle situation, le rôle des parents est d’expliquer que ce qu’il a fait était dangereux, ce qui aurait pu se passer de pire, de raconter leur ressenti en lui disant qu’ils ont eu très peur pour sa sécurité et celle des autres, de lui demander de ne jamais recommencer, de lui montrer les dégâts et l’inviter à participer au nettoyage… En restant dans la bienveillance et l’empathie. Les enfants éduqués en bienveillance ne deviennent pas « stressés et mal dans leur peau », c’est tout le contraire ! J’ai du mal à saisir en quoi les cris, les menaces et les violences physiques pourraient rendre les enfants plus « détendus »… Mais merci d’avoir pris le temps de rédiger votre ressenti, partager les points de vue est intéressant et enrichissant !
Angie 15 janvier 2017
J’ai lu vous article. Je ne suis pas une pro fessee mais il m’arrive d’en donner mais ca reste rare (pour mon mari et surement trop pour vous. Lol).
Vous donnez en exemple la Suede. Mais on peut trouver des articles sur les enfants mal polis. J’ai vu des enfants eleves ainsi et ils sont parfois plus fatiguants, plus mal polis et se mettent en danger (j’ai l’impression). C’est qu’ils ont manque une regle importante ou c’est un inconvenient ca prend enormement temps chez certains enfants.
Vous ne punissez jamais vos enfants ? Comment faites quand le timing est serre ?
Caroline 17 janvier 2017
Bonjour Angie
Excusez moi de vous l’avouer mais le coup du timing serré m’a fait remonter la bile… Bien sûr qu’il faut intervenir quand l’enfant va trop loin, mais sans oublier que l’enfant est un être humain doté d’une personnalité et d’une compréhension qui lui permet d’entendre et de comprendre quand on lui explique pourquoi ce qu’il a fait est mal, ou pourquoi c’est dangereux pour lui même ou pour autrui. Je n’ai jamais donné la fessée ou quelconque châtiment corporel à mon fils et il est extrêmement poli et d’une gentillesse à tout épreuve (bon il est un peu moins avenant avec nous par moments mais il me semble que c’est normal aussi). C’est l’éducation qu’on leur donne sur la durée qui est efficace, et lui évitera de se mettre dans des situations délicates trop souvent.
Floriane 17 janvier 2017
Concernant la Suède, certains « détracteurs » d’autres modes d’éducations vont dire ce genre de choses, mais personnellement je n’en crois pas un mot. On lit aussi énormément de témoignages très positifs, dont celui que j’ai cité dans l’article. La personne que j’ai cité a tellement été frappée pour les bienfaits de l’éducation non violente là bas qu’elle en a consacré un film : « Si j’avais su, je serais né en Suède » où elle a voulu montrer « combien il fait bon grandir en Suède, que les enfants y sont bien traités et que cela fonctionne ». Aujourd’hui, les prisons ferment faute de détenus dans ce pays, je pense que l’éducation des enfants y est pour beaucoup. Les enfants de votre entourage dont vous parlez ont reçu quelle type d’éducation au juste ? Attention à ne pas confondre éducation bienveillante et laxisme… Par ailleurs, un enfant élevé ainsi peut être « plus fatiguant » parce qu’il se sent en sécurité affective et donc se permet d’exprimer ses émotions, positives comme négatives. Alors oui, c’est peut être plus fatiguant pour les parents, mais bien meilleur pour lui à mon sens… Combien de parents de parents d’ados se plaignent que leurs enfants ne leur confient pas leurs problèmes, ne leurs disent rien ? Rien de plus normal pourtant, quand on a demandé à l’enfant dès son plus jeune âge de refouler ses émotions… En tous cas j’en suis convaincue.
Je ne punis jamais mon fils en effet, je ne pense pas que ce soit là la meilleure manière de lui transmettre des messages. Quand vous dites « Quand le timing est serré », vous référez-vous à mon exemple pour mettre le manteau ? Je fais de mon mieux pour obtenir sa coopération, en lui donnant des consignes claires et en lui expliquant pourquoi il est important qu’il les respecte. Je suis également ouverte aux compromis, à la négociation. Quand il n’y a vraiment pas le choix (un rdv par exemple) et qu’il ne coopère pas, je vais forcer un peu mais en lui expliquant bien pourquoi, en douceur, avec la meilleure empathie possible… Et respecter sa colère surtout… J’espère que cela répond à votre question, dans tous les cas je ferai d’autres articles sur le sujet (sur les alternatives concrètes à la punition par exemple).
Floriane 25 janvier 2017
Concernant la Suède, certains « détracteurs » d’autres modes d’éducations vont dire ce genre de choses, mais personnellement je n’en crois pas un mot. On lit aussi énormément de témoignages très positifs, dont celui que j’ai cité dans l’article. Le film « Si j’avais su, je serais né en Suède » montre « combien il fait bon grandir en Suède, que les enfants y sont bien traités et que cela fonctionne ». Entre 1982 et 1995 en Suède, les « mesures obligatoires » ont diminué de 46% et les placements en foyer de 26%. Le pourcentage des jeunes de 15 à 17 ans condamnés pour vol a diminué de 21%. La consommation de drogue, d’alcool et les suicides ont diminué aussi ! Aujourd’hui, les prisons ferment faute de détenus dans ce pays, je pense que l’éducation des enfants y est pour beaucoup.
Vous parlez de mise en danger. Je pense que c’est tout le contraire ! Si l’on respecte l’enfant, si on lui fait confiance, qu’on le laisse expérimenter pleinement sa motricité (sous surveillance s’il y a un risque, et excepté le cas où il y ait un réel danger évidemment), alors il connait mieux ses capacités, ses propres limites, et se met moins en danger. Si on lui explique patiemment qu’il faut faire attention à telle ou telle chose parce que c’est dangereux, il y a plus de chances qu’il intègre la consigne et qu’il fasse attention, parce qu’il aura compris qu’il risque de se faire mal ! Si au contraire on lui interdit de manière autoritaire en le menaçant d’une sanction s’il transgresse la règle, il aura plus de chances de se mettre en danger : un interdit se transgresse un jour ou l’autre…
Je ne punis jamais mon fils non. Quand vous dites « Comment faites quand le timing est serré », j’imagine que vous demandez comment faire en sorte qu’il coopère sans le menacer d’une sanction ? Et bien cela dépend, il y a pas mal de techniques différentes. Je vais essayer de le motiver un maximum. Par exemple, si on doit sortir dehors faire une course, je vais lui décrire les choses qu’il aime qu’on va voir dehors, de vais lui « vendre du rêve » 😉 . Lui laisser choisir ses chaussures pour qu’il prenne plaisir à se préparer. Faire de l’habillage un moment de jeu. Enfin, si vraiment rien ne va, alors si je n’ai pas le choix, je « forcerai », mais en lui expliquant bien pourquoi, doucement et calmement (enfin j’essaie !), et surtout avec empathie : « je comprends que tu préfères rester à la maison, mais là on est obligés d’y aller… » J’espère que cela répond à votre question ?
Je pense que je ferai d’autres articles sur le sujet pour donner des pistes concrètes d’alternatives à la punition 🙂 .
Malicia 15 janvier 2017
C’est vrai que ce n’est pas évident d’appréhender cette loi, je fais partie de ces enfants qui ont reçu de nombreuses fessées, même le martinet, dans l’enfance… et « je n’en suis pas morte », mais je pense que mon enfance aurait été mieux sans. Que cette violence n’avait pas sa place…
Floriane 17 janvier 2017
Merci pour ce témoignage !
Myriam 15 janvier 2017
Merci pour cet article. L’adulte que je suis se souvient parfaitement des violences physiques (et autres abus) et de la terreur que j’ai subie enfant et leurs conséquences dans mon chemin de vie. Je sors de ces traumatismes et les transcendent en lumière aujourd’hui. Malheureusement je n’ai pas pu être maman…mais j’ai la chance de pouvoir accompagner des enfants autour de moi, faire la route à leur côté pour qu’ils deviennent adultes sans violence ni terreur. Juste un petit détail qui peut avoir son importance : la cortisol n’est pas sécrétée par l’amygdale cérébrale mais par les glandes surrénales situées au dessus des reins, cette sécrétion est émise en réaction à une sécrétion cérébrale pour réagir de façon adéquate en situation de stress. Ce qui conditionne non seulement notre cerveau, mais aussi nos cellules qui intègrent très tôt la terreur, fragilisent nos glandes surrénales sans parler des conséquences de la diffusion en grande quantité de cortisol dans le corps d’un enfant comme vous le soulignez très justement (cf les adultes en burn-out en savent quelque chose !). Je me permets de le préciser car de mon point de vue les détracteurs les plus acharnés vont s’appuyer sur ce genre d’erreur pour démonter vos propos et votre approche… Belle route à vous ! Belle et douce année 2017! Myriam, naturopathe en formation
Floriane 19 janvier 2017
Merci beaucoup pour votre partage d’expérience ! Et aussi pour la rectification concernant le cortisol ! Le Dr Catherine Gueguen dit, dans son livre « Vivre heureux avec son enfant » : « Sous l’effet du stress, l’amygdale déclenche la sécrétion des molécules de stress : cortisol, adrénaline, qui en quantité importante peuvent être très toxiques pour un cerveau immature ». De là, j’ai fait un raccourci erroné. Effectivement, l’amygdale déclenche la sécrétion, mais ne sécrète pas… Je vais rectifier cela dans l’article, merci beaucoup ! Et une très bonne année à vous également ! 🙂
Francine 16 janvier 2017
Je rejoins tous ces bons conseils, et j’ajoute que tu peux te renseigner sur le programme de Camille et Olivier, qui, aidés d’isabelle Filiozat, peuvent t’aider à comprendre tes réactions et guérir ton passé d’enfant
Floriane 19 janvier 2017
Merci !
aure 17 janvier 2017
Bonjour,
je suis à la recherche de publications neuro-scientifiques ayant un échantillon représentatif fiable. Toutes les publications que j’ai lu (et c’est un vrai travail car tout est en anglais, ça prend bcp de temps, et je ne comprends pas forcément tout) comportaient un échantillon représentatif de quelques dizaines de personnes tout au plus.
Sachant qu’on essaie quand même d’établir des données concernant l’ensemble de la population, l’échantillon représentatif devrait, il me semble, être beaucoup plus important pour être considéré comme fiable ?
Comme vous mentionnez dans votre article l’impact de la VEO sur le développement des individus adultes, j’imagine que vous vous basez sur des études concrètes ?
Pouvez-vous m’orienter ?
Merci beaucoup!
Floriane 20 janvier 2017
Bonjour,
Je vous recommande la lecture des livres de Catherine Gueguen mentionnés à la fin de cet article, qui cite toutes ses références. Par exemple, à la page 158 du livre « Vivre heureux avec son enfant », elle fait l’inventaire des dernières études qui ont mis en avant l’impact de la maltraitance émotionnelle sur le cerveau des enfants et leurs comportements. Elle fait l’inventaire de 5 études. Il est précisé pour l’une d’elle (menée en 2014 par Ming Wang, une chercheuse à Pittsburgh) qu’elle a été élaborée sur un échantillon de 976 adolescents ayant subi une discipline verbale sévère à l’âge de 13 ans. Pour une autre étude (menée en 2014 par Ann Polcari, une chercheuse à Harvard), il est précisé qu’elle a été menée sur 2518 adultes âgés de 18 à 25 ans ayant été exposés durant leur enfance à une discipline verbale sévère. Je ne mentionne ici que deux études aux échantillons représentatifs, mais vous en trouverez certainement d’autres dans ce livre en cherchant plus. A la page 157, il est mentionné qu’en 2013, Rebecca Waller, de l’université d’Oxford, a fait le bilan de 30 études sur les éducations punitives et sévères et conclut que leurs effets sur le long terme sont déplorables… J’espère que ma petite réponse pourra vous donner des pistes pour vos recherches !
aure 20 janvier 2017
Merci Floriane, ça m’aide effectivement ! J’irai vérifier tout ça. Comme il existe visiblement (d’apres votre reponse) des etudes sérieuses, je me demande pourquoi je ne suis pas tombé dessus plus tot. En tous cas merci à vous pour votre reponse détaillée.
Floriane 20 janvier 2017
Avec plaisir, je vous souhaite de trouver rapidement réponse à vos questions !
Anab 18 janvier 2017
Mes frères, moi même avons été frappés plusieurs fois (coups de pieds, giffle à retourner la tête, soumission par la force venant du paternel). Je me bat chaque jours pour ne pas avoir peur des mes émotions, pour avoir confiance en moi, c’est très dur pour moi de vivre dans cette société. Ma moitié me comprend et m’aide à chaque instant et ne me juge pas malgré mes réactions parfois abusives. Je me suis trouvé un lieu de vie sans humains au milieu de la foret pour vivre paisiblement, je suis complètement détruite par mon enfance au point de fuir tout humain sauf mon fidèle compagnon. Qu’est ce que je peux faire pour aller mieux ? Je médite et respire, je mange sainement et surtout végétal, je fais du sport, je passe mes journée avec la nature et les animaux, mais j’ai toujours cet peur d’être moi même, en fait je ne sais même pas qui je suis, je ne connais pas mon identité personnel et j’ai peur.
Arrêtez de frapper vos enfants, c’est tellement dur par la suite, vous vous imaginez pas. Car les gens comme moi ne montrent rien mais souffrent énormément, mes amis vous dirons « c’est quelqu’un de forte, qui n’a pas peur et qui sait affronter la vie » alors que non, je suis faible en société, je ne sais pas gardé un travail, je tremble devant certain homme sans raison apparente. Un jour j’ai fais une crise d’angoisse devant un patron, alors qu’il était adorable mais inconsciemment il me rappelait la peur que j’avais en moi. Sans mon copain, je me serais offerte à la mort, et oui je suis suicidaire par dessus tout ça, pour vous dire que c’est vraiment pas simple.
J’ai été frappé, je n’en suis pas morte mais mon esprit lui est mort, j’ai même la sensation d’être bipolaire car je ne sais pas qui je suis donc j’ai l’impression d’avoir plusieurs personnalité pour comblé ce manque. Rien que de vous écrire ça, je pleur, car après cet article, j’ai peur de jamais m’en sortir, que si un jour mon copain venait à partir, je serais incapable d’y arriver. Le plus drôle la dedans c’est que mes parents sont fière de moi, mon père nous frappait et ma mère observait. Et ils ont détruit ma vie, et celle d’un de mes frères aussi qui a du mal à s’en sortir, il a 26 ans. Je suis tellement triste pour nous deux.
J’ai fais bref mais je pourrais vous raconter une vie entière comme ça, mes premiers souvenir dates de 1999, début de mes quatre ans jusqu’à aujourd’hui. Je serais ravie de témoigner si besoin, pour que les gens se rendent comptes des dégâts, car je souhaite à personne d’être comme moi, parce que c’est pas les coup qui font mal, c’est après, bien après que ça fait mal …
Merci pour cet article, très difficile pour moi mais essentiel.
Floriane 20 janvier 2017
Je vous remercie beaucoup d’avoir écrit ce témoignage pour rendre compte de l’impact dévastateur que les violences éducatives peuvent avoir. Cela n’a pas dû être facile pour vous de l’écrire ! J’espère qu’il fera prendre conscience de certaines choses à des personnes qui banalisent ces violences. Vous avez l’air de faire tout ce qu’il faut pour vous en sortir, vous pouvez être fière de vous ! Peut-être que des groupes de paroles, des associations visant à aider des personnes ayant vécu les mêmes choses que vous pourraient vous aider également ? Je vous souhaite de tout cœur un bel avenir, prenez soin de vous…
charlotte 19 janvier 2017
Vous pouvez rajouter Catherine Dumonteil Kremer dans la bibliographie, qui fait un super boulot pour les enfants et les adultes, tant par ses livres, que ses ateliers et ses formations, sans oublier le super magazine PEPS, pour une parentalité créative et positive! 🙂
Floriane 20 janvier 2017
Merci beaucoup pour ces suggestions de lecture ! 🙂
SCREVE RENE 22 janvier 2017
On peut éduquer sans violence donc pas de fessée mais punir et sanctionner des comportements inadéquats dans la mesure du possible de manière proportionnelle à ce qui a été commis. Mes deux filles sont l’une économiste et l’autre médecin moi j’ai eu un jour une baffe de mon père et c’est lui qui était triste car ilaurait bien fait mieux en me collant une punition éducative.
Floriane 22 janvier 2017
Je ne crois pas que les punitions puissent être éducatives. Je suis pour une éducation sans punitions, où l’on responsabilise l’enfant en lui faisant prendre conscience des conséquences de ses actes. Ainsi, il se comporte bien non pas pour échapper à la punition, mais parce qu’il est convaincu que c’est dans son intérêt et celui des autres. Je développerai cela dans un prochain article 🙂 .