12 mois d’allaitement

Première rencontre

Ça y est tu es né, tu es magnifique. Tu es sur mon ventre depuis un moment, en peau à peau. Le bonheur. On me propose de faire la tétée de bienvenue. J’accepte avec joie ! Avec un peu d’appréhension aussi. On te rapproche un peu de mon sein, et tu le saisis tout seul !

Tu tètes un peu. La sensation est étrange, mais cela semble à la fois tellement naturel. On me dit que tu as « une bonne technique », ce qui nous fait sourire avec ton papa. Cela ne dure que peu de temps et je ne crois pas que tu avales grand-chose, mais c’est tout de même un grand moment, et cela restera notre « première tétée ».

Une fois dans notre chambre de maternité, après que tu aies bien dormi, on me propose de te remettre au sein. Avec l’aide de la sage-femme, tu prends ta deuxième tétée, la première où tu bois vraiment.

Pendant les 4 jours à la maternité, à chaque tétée, c’est un peu la « mission ». On appelle une sage-femme qui aide à la mise au sein et vérifie la position, nous apprend différentes choses… Ton papa m’aide à m’installer avec le coussin d’allaitement. Heureusement qu’il est là car je suis très maladroite ! Lorsque tu commences à téter, j’ai mal au ventre (les contractions), et à la poitrine (le réflexe d’éjection). On me dit que c’est normal pour l’instant et que ça passera. Mais te sentir tout contre moi et te voir au sein me fait tout oublier. Tu as l’air si bien lorsque tu tètes : apaisé, ressourcé. A chaque fois, quand tu as fini, tu t’endors la bouche ouverte en penchant ta tête en arrière, repu, l’air béat, parfois avec un « sourire aux anges ». Souvent tu as du lait tout autour de la bouche, ce qui nous fait bien rire avec ton papa !

Tu as même tendance à t’endormir un peu trop vite pendant les tétées, et je dois te chatouiller régulièrement sous les pieds pour te stimuler afin que tu boives correctement.

Je note toutes les tétées : les horaires, le temps qu’elles ont duré, quel sein… Ça me paraîtra un peu « bête » par la suite, mais au début cela me rassure.

La deuxième nuit est très difficile. J’ai du mal à allaiter allongée. Et surtout, tu pleures très fort dès que je t’enlève du sein pour te poser dans ton petit berceau. Je ne comprends pas que tu puisses téter comme cela en continue pendant des heures. Une sage-femme m’explique que tu le fais pour te rassurer, et me montre comment te réconforter autrement si je n’en peux plus (en t’emmaillotant, en te gardant contre moi, en te donnant mon petit doigt à téter). Je prends conscience que l’allaitement, c’est bien plus que du lait.

Débuts à la maison

Les toutes premières semaines à la maison ne sont pas très faciles. La montée de lait est douloureuse. J’ai toujours cette douleur en début de tétée, les douleurs des contractions, et je dois mettre beaucoup de crème entre les tétées pour soulager les irritations. Mais je suis chanceuse, j’ai été bien accompagnée à la maternité et je n’ai pas de crevasses, rien d’anormal. Je me surprends malgré tout à penser que moi qui souhaitais allaiter au moins 6 mois, je ne tiendrai pas des mois avec ces douleurs. D’autant plus que tu réclames très souvent à téter.

Tu as toujours l’air aussi bien au sein. C’est comme une « arme magique » : dès que tu t’agites un peu, la tétée t’apaise instantanément. Tu ne pleures jamais, la tétée te calme toujours avant. Je remarque aussi que lorsque il y a beaucoup de monde en visite à la maison, tu as tendance à réclamer beaucoup plus que d’habitude. J’en déduis que c’est ta manière de te rassurer.

Tu prends du poids (très !) correctement et je suis fière de penser que c’est uniquement grâce à mon lait.

Fin du premier mois

Les tétées deviennent vraiment agréables ! Je n’ai plus de douleurs, et j’aime toujours autant te voir si bien au sein. Tu t’endors à chaque tétée et tu as l’air si paisible. Souvent, je te garde dans mes bras endormi un bon moment après.

Tu prends le sein beaucoup plus facilement maintenant, et parfois sans demander ton reste, alors que je ne suis pas encore tout à fait prête, ce qui nous amuse !

Parfois, tu cherches à « téter » ton papa ou la personne qui te tient dans ses bras 😉

Après des difficultés le premier mois pour t’allaiter allongée, j’y arrive sans soucis maintenant, surtout grâce à l’aide de ton papa. J’en profite pour faire la sieste avec toi, quel bonheur !

On trouve notre petit rythme de tétées. Tu prends environ toutes les 2 heures, sauf le soir où tu enchaînes plein de « micro-tétées ». J’ai appris qu’on appelait cela les « tétées-groupées » et que c’était normal. Tu passes donc une bonne partie des soirées dans mes bras, et parfois je mange par-dessus ta petite tête 🙂 On va ensuite se coucher tous les 3, tu as ton petit lit « cododo » collé au nôtre.

Lorsque tu es mal et commences à pleurer, je ne cherche pas à comprendre pourquoi et te mets d’instinct immédiatement au sein. C’est devenu comme un réflexe. La tétée t’apaise toujours. Elle comble ta faim, ta soif, ton besoin de contacts rapprochés ou ton besoin de t’endormir.

A tes 3 semaines, je dois faire face à ton premier « pic de croissance » : tu réclames le sein constamment. Je suis assez désemparée. Heureusement, j’ai lu que c’était normal et qu’il fallait tenir, que ça passerait tout seul au bout de quelques jours. Et c’est le cas, ouf !

Deuxième mois

Tu souffres de petites coliques, et une pédiatre me conseille d’espacer les tétées toutes les 3 heures « pour que tu puisses digérer ». De « te faire patienter » si tu réclames. Heureusement, je me souviens des conseils de la maternité d’allaiter à la demande, et je ne l’écoute pas. Et puis, je serais bien incapable de te refuser une tétée pendant 3 heures ! Il se trouve finalement que c’est en partie dû à un réflexe d’éjection fort. Je parviens à diminuer le problème en suivant les conseils de la Leche League (entre autres celui de te donner le sein plus souvent, justement !).

A chaque tétée, ta petite main s’accroche fortement à mon t-shirt et cela me fait fondre ! Parfois, tu t’endors la main toujours agrippée !

Maintenant que tu es plus éveillé, nous échangeons des regards pendant les tétées, c’est très mignon !

Les beaux jours sont là et j’apprécie particulièrement le côté « nomade » de l’allaitement. J’aime ne pas avoir à penser quoi emmener pour te nourrir. Et puis, les tétées au parc sont si agréables !

troisième mois

Tu fais maintenant souvent de beaux et grands sourires, mais mes préférés sont ceux de « mi-tétée » : tu lâches le sein, me regardes, me fais un sourire complice, puis reprends la tétée. Craquant !

Nos tétées-siestes de l’après-midi sont des instants précieux que je savoure.

Pour la première fois, je tire mon lait et ton papa te le donne à la tasse à bec pour que je puisse aller chez le coiffeur. Tu acceptes sans soucis et le bois même avidement !

J’assiste à ma première réunion de la Leche League. Quel plaisir de partager les joies et difficultés de l’allaitement avec d’autres mamans !

quatrième mois

Tu espaces un peu plus les tétées, et les « tétées-groupées » de soirées ont disparu.

Ce sont les vacances d’été, et les tétées dans le jardin ou sur la digue sont très agréables ! Le côté nomade de l’allaitement est toujours très apprécié ! Tu tètes partout !

Je connais pendant les vacances mes premières vraies difficultés d’allaitement : un engorgement doublé d’une crevasse. Heureusement, grâce aux conseils de la Leche League, ces problèmes sont surmontés en quelques jours.

Parfois, on dirait que tu rêves de tétées : tu fais des mouvements de succion dans ton sommeil, et cela nous amuse avec ton papa !

cinquième et sixième mois

Tes « sourires de mi-tétées » deviennent parfois des « rires de mi-tétées », c’est tellement mignon !

Tu n’agrippes plus mon T-shirt en tétant, mais tu poses délicatement ta main sur mon ventre, mon sein ou mon bras, et c’est tout aussi attendrissant.

Les dents commencent à te travailler et ce n’est pas facile de te voir souffrir. Souvent (mais malheureusement pas toujours), la tétée te soulage et nous ne nous en privons pas !

À tes 6 mois nous commençons la diversification alimentaire en alimentation autonome. Je suis si fière de t’avoir allaité exclusivement pendant 6 mois !

septième mois

Tu as maintenant deux petites dents en bas, et tu as si mal que tu me mords fort à plusieurs reprises. Les premières fois, je pousse des cris de surprise qui te font pleurer. Je vois bien que tu ne comprends pas ces cris ni pourquoi je te retire brusquement du sein, pourquoi je n’ose plus te donner le sein… Pendant quelques jours bien difficiles j’essaie de t’expliquer au mieux de ne pas me mordre, j’interromps les tétées, je te donne des jouets de dentition à mordre à la place… J’ai très peur de devoir arrêter l’allaitement. Heureusement, tu comprends. J’en ai la certitude le jour où en ayant mal aux dents pendant une tétée, tu lâches mon sein pour mordre mon t-shirt ! Grâce aux bons conseils d’autres mamans, nous pouvons continuer notre allaitement sereinement.

Tu es maintenant très distrait pendant les tétées et il est souvent difficile de t’allaiter en journée : tu t’arrêtes au moindre bruit pour regarder ce qu’il se passe ! Mais en nous isolant au calme, les tétées redeviennent un plaisir.

Lorsque tu te réveilles trop tôt de ta sieste, grognon, une micro-tétée et tu repars pour une heure !

huitième mois

On commence à me demander à plusieurs reprises quand je compte arrêter de t’allaiter. C’est vrai qu’au départ j’avais parlé de t’allaiter 6 mois, mais je n’ai plus ce discours aujourd’hui. Maintenant je dis « au moins un an ». Je ne suis pas du tout prête à mettre fin à ces moments que nous aimons tous les deux ! Et puis, j’aurais vraiment l’impression de te priver de quelque chose d’important pour toi…

NEUvIème mois

Avec ton papa nous voyons que tu comprends bien le mot « tétée ». Quand on te demande si tu veux téter, tu bats des bras et des jambes de bonheur en faisant un grand sourire !

Maintenant que tu rampes, quand je te propose la tétée, tu rampes vers moi 🙂

dixième mois

Tu commences à vraiment plus espacer les tétées. Cela me fait bizarre, mais c’est normal, tu deviens grand !

Le soir, quand j’arrive dans ta chambre pour ta tétée après que ton papa t’ait lu ton histoire et chanté ta berceuse, tu gigotes d’excitation !

onzième mois

Après « papa » et « maman », tu dis ton troisième mot : « tétée ». Alors que je te demande si tu veux téter en nous installant, tu me réponds « tétée » avec enthousiasme ! Cela me remplit de joie ! Et tu recommences tous les jours !

Tu commences à te mettre debout. Tu es un peu casse-cou et il y a parfois de vilaines chutes suivies de gros chagrins. Heureusement, une tétée-câlin te calme aussitôt. Après quelques secondes au sein, tout va mieux !

L’hiver se termine. Tu as été peu malade, et quand tu l’as été, tu guérissais en peu de temps. Tu as échappé à la bronchiolite tant redoutée. Peut-être bien grâce à nos tétées 🙂

douzième mois

Pour une infection à l’œil, je dois prendre des antibiotiques. Le médecin me propose de te passer au lait artificiel pendant mon traitement, car les antibiotiques pourraient passer légèrement dans mon lait. Il dit que c’est au choix car même si cela passe légèrement, ce n’est pas dangereux et le médicament est officiellement compatible avec l’allaitement. Le choix est vite fait ! 2 semaines sans tétées, il ne se rend pas compte !?!

Tu as été un peu malade ce mois-ci. Pendant plusieurs jours, tu ne mangeais presque plus rien. Heureusement, tu buvais bien au sein, ce qui nous a rassurés ! Nous savions que grâce à mon lait tu étais malgré tout bien nourri.

12 mois

12 mois que notre aventure a commencé. Je n’aurais pas pensé qu’elle durerait si longtemps, et pourtant. Nous n’avons toujours pas envie d’y mettre fin. Ces moments sont magiques. Je suis heureuse et fière de t’avoir déjà allaité 1 an, et ce n’est pas fini. C’est parti pour notre deuxième année de bonheur lacté ❤️


8 thoughts on “12 mois d’allaitement

  1. lola Répondre

    que de beaux souvenirs… un beau deuxième début d’année lactée !!

    1. Floriane Répondre

      Merci beaucoup 🙂

  2. Morgane Répondre

    très touchant, j’ai pas arrêté de pleurer ! c’est exactement ce que je ressent !
    j’ai écrit aussi un article sur mon blog sur mon allaitement mais ce n’est pas aussi bien écrit que le votre ! http://www.maviedemaman21.com/2016/05/j-allaitais-j-allaite-et-j-allaiterais.html

    1. Floriane Répondre

      Merci ça me touche beaucoup 🙂 J’ai lu votre article avec intérêt et je vous tire mon chapeau pour avoir persévéré dans l’allaitement, car entre le RGO et la baisse de lactation ça n’a pas dû être facile ! Bravo! Merci pour votre blog, jolie découverte 🙂

  3. christelle Répondre

    Je suis très touchée par cet article.
    J’allaite des jumeaux depuis bientôt 1 an.
    J’ai vécu a peu près tout ça.
    Et je commence a avoir les réflexions  » tu comptes arrêter quand? »
    Même ceux qui me soutenaient jusqu’à présent, voir même m’admirer commencent avec leur: « méfie toi ils vont s’y habituer, tu devrait faire attention,…. »

    Comme si d’un coup la magie de l’allaitement devenait malsaine.
    comme si nos enfants n’avaient pas le droit a une relation d’amour avec leur parents.
    Notre société me fait peur et je suis heureuse dans ce monde de fou d’offrir un moment de calme et de paix a mes enfants, blotti contre mon sein.

    J’espère que ça durera longtemps et je leur fait confiance pour me dire bien trop vite: non je veux plus je suis plu un bébé.

    1. Floriane Répondre

      Merci pour ce magnifique témoignage !
      Tu as bien raison de n’écouter que toi et tes jumeaux 🙂
      Je vous souhaite à tous les 3 encore beaucoup de bonheur lacté 😉 <3

    2. anda Répondre

      très beau témoignage! félicitations à vous et beaucoup de bonheur encore!
      j’ai beaucoup pleuré en lisant cet article, il me touche beaucoup car je n’ai pas réussi à allaiter ma petite malgré mon souhait de le faire. je n’ai pas eu de conseil particulier à la maternité. ma petite faisait ce qu’il fallait pour prendre le sein mais rien ne sortait. au bout du 3eme jour, j’ai pu tirer seulement quelques goutes au fond du recipient. j’avais peur qu’elle n’ait trop faim, je pensais qu’elle s’endormait d’épuisement sans avoir bu la moindre goutte alors je lui ai donné un biberon qui a calmé un peu ses pleurs. je me sentais tellement inutile! avant de quitter la maternité, des bouttons sont apparus sur mon corps : la varicelle. Mon bébé a été transféré dans un hôpital spécialisé pour recevoir de l’immunoglobuline et moi à la maison. j’ai continué à tirer mon lait , je suis arrivée à sortir 15-20 ml mais la récolte totale pendant 12 heures. mais j’avais de l’espoir, cela augmentait. quand mon bébé est rentré de l’hôpital, elle prenait déjà 60 ml par biberon toutes les 3h.mon espoir s’est effondré, j’aurais jamais pu produire autant. j’avais peur de la toucher, peur de lui donner le virus. j’ai pu la remettre au sein deux semaines après mais elle ne voulait plus. ça reste encore un échec très douloureux même si aujourd’hui mon bébé est devenue une belle petite fille de 18 mois qui se porte bien, a déjà 12 kg, 80 cm et bien éveillé.

  4. […] le récit de ma première année d’allaitement […]... parents-naturellement.com/sevrage-naturel

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