Autour de l’âge de 18 mois (ce peut-être quelques mois avant ou quelques mois après bien sûr, on ne le répète jamais assez : à chaque enfant son rythme !), les bambins sont généralement prêts pour commencer à se familiariser doucement avec les couleurs. Alors, comment les accompagner au mieux dans cet apprentissage ?
Je vais vous expliquer comment j’ai procédé avec mon P’tit Loup, en espérant que cela puisse vous donner des idées ! Je me suis inspirée des approches de la pédagogie Montessori. Si vous découvrez cette pédagogie, je vous recommande de lire mes articles sur les notions clés et sur l’application au quotidien (notamment la partie sur les activités), car je ne m’étendrai pas sur ces points ici…
ACTIVITéS MONTESSORI POUR S’INITIER AUX COULEURS
NOMMER LES COULEURS
Autour des 16 mois de mon P’tit Loup, j’ai commencé à lui présenter des cartes à couleurs uniques, une par une (le matériel Montessori comprend ce qui s’appelle les « boîtes de couleurs » ; j’ai simplement reproduit le principe en imprimant des rectangles colorés et en les plastifiant pour en faire des cartes, ne souhaitant pas investir dans ce matériel). J’ai commencé avec les 3 couleurs primaires : rouge, bleu et jaune. Je lui présentais les carte une par une en les nommant et en faisant leur signe (puisque nous pratiquons la langue des signe, cela me paraissait utile de l’utiliser à ce moment-là pour qu’il puisse me signifier qu’il ait acquis telle ou telle couleur). Je voyais qu’il était intéressé, puisqu’assez rapidement, c’était lui qui me désignait les cartes une par une avec un petit « mm ? » interrogateur pour que je lui nomme leurs couleurs ! Cela ne durait cependant en général pas très longtemps, et je n’insistais pas : dès qu’il ne semblait plus réceptif, j’arrêtais là l’activité. Nous recommencions un petit peu chaque jour.
Au bout d’une semaine environ, il m’a montré qu’il avait acquis ces 3 couleurs, puisque si je lui demandais « où est le bleu ? » par exemple, il me désignait la bonne carte. J’ai donc procédé de la même manière pour introduire de nouvelles couleurs basiques dans les semaines suivantes, 3 par 3 : vert, noir, blanc, puis orange, violet, et rose.
Petit à petit, il a ainsi assimilé les couleurs, et a été capable de les « nommer » en les signant 🙂 .
L’avantage des cartes à couleur unique est qu’elle sont si simples que l’enfant ne se laissera pas distraire par autre chose et pourra bien se concentrer sur la couleur. Si l’on utilise d’autres objets, il faudra s’assurer qu’ils soient simples et ne soient pas « intéressants » pour l’enfant à un autre niveau (on évitera par exemple des petites voitures si l’enfant est dans une période où il est passionné par les roulements). Il est aussi important que les objets utilisés ne se différencient que par la couleur, et soient donc en tout autre point identiques. L’enfant pourra ainsi bien se concentrer sur la seule chose qui les différencie : leur couleur.
LES PANIERS DE COULEURS
En parallèle de l’activité de découverte des couleurs à l’aide des cartes, je lui plaçais de temps en temps un petit panier « coloré » à sa disposition, pour explorer. Pendant quelques jours, il ne contenait que des petits objets jaunes. Puis, les jours suivants, des objets rouges uniquement. Et ainsi de suite… Je lui présentais le panier en lui nommant la couleur à l’honneur, puis le laissait à sa disposition pour qu’il puisse l’explorer à sa guise.
EXPLORER LES COULEURS UNE à UNE DE MANIÈRE SENSORIELLE
Mon P’tit Loup a eu l’occasion de reconnaître les couleurs de manière individuelles également au travers d’activités sensorielles. Comme par exemple avec des séances de pâte à modeler jaune, puis des séances de peinture rouge. Isoler les couleurs lors de ces activités permet à l’enfant de mieux les assimiler (c’est d’autant plus important pour la peinture que si l’on propose diverses couleurs d’un coup, la feuille devient vite marron…).
LES LIVRES
Nous avons, mon P’tit Loup, son papa et moi, tous eu un coup de cœur pour le livre de bébé Baltazar La couleur du ciel . Il est je pense parfait pour apprendre les couleurs ! Baltazar voit un papillon bleu, qui s’envole vers le soleil jaune, survole un champ de coquelicots rouges, se pose sur l’herbe verte… Lors de la lecture de cette histoire adorée par mon fils, nous ne manquions pas de lui faire les signes de chaque couleur. Assez rapidement, il s’est mis à les faire lui-même lors de la lecture de l’histoire !
ACTIVITES MONTESSORI POUR « RéVISER » LES COULEURS
LES ACTIVITÉS DE MISE EN PAIR
Une fois que les premières couleurs semblaient assimilées pour mon P’tit Loup, je lui ai proposé des petites activités de mise en pair. Après lui avoir montré une première fois comment faire, j’alignais 3 cartes de couleurs sur son tapis d’activités (jaune, rouge et bleu par exemple), puis je lui présentais une à une leurs doubles en disant « où va celle-là ? » pour qu’il les appareille à son tour. J’ai été assez surprise de la rapidité avec laquelle il a compris l’exercice, et surtout de constater qu’il se trompait rarement ! Ensuite, j’ai progressivement augmenté le nombre de cartes à appareiller. J’ai ensuite utilisé des grosses perles à la place des secondes cartes, et je trouvais cela plus pratique (la vision d’ensemble finale étant meilleure).
Pour cette activité, il est important de ne proposer uniquement des couleurs que l’enfant maîtrise déjà bien.
Il est également essentiel de laisser l’enfant agir sans intervenir ni physiquement ni verbalement, même (et surtout) en cas d’erreur. Il est impressionnant de voir à quel point la capacité d’auto-correction est présente chez les tous petits. Quand mon P’tit Loup se trompait (en mettant par exemple la carte jaune sur la rouge), il avait un moment d’arrêt (comprendre : « tiens, c’est bizarre ça ! » 😉 ), puis reprenait la carte pour la mettre sur la bonne couleur 🙂 . Parfois, le déclic ne venait qu’une fois rendu à la dernière carte ( « mais, pourquoi il me reste deux cartes de couleurs différentes ? ^^ ». Alors il prenait le temps de passer en revue ce qu’il avait fait précédemment, jusqu’à trouver la mauvaise pair et réparer son erreur. Et tout ça, tout seul 🙂 !
LES ACTIVITÉS DE TRI
La pédagogie Montessori propose de nombreuses activités de tri, notamment de tri par couleur. Il existe du matériel spécialement conçu pour cela, comme cette boîte de tri de jetons par couleur par exemple. En ce qui me concerne, investir dans ce matériel ne me paraissait pas utile étant donné qu’il est très facile de reproduire quelque chose de tout aussi efficace par soi-même, avec ce dont on dispose. J’ai donc utilisé les cartes à couleur unique dont je vous ai parlé, ainsi que les grosses perles en bois d’un autre jeu.
Bien sûr, d’autres options sont possibles : certains utilisent par exemple des bâtonnets colorés à mettre dans des pots en verre sur lesquels ils collent une gommette de couleur, d’autres peignent les creux d’une boîte à œufs de couleurs différentes pour y mettre des petits pompons aux couleurs correspondantes… Il est même recommandé de varier les moyens de tri afin de renouveler l’intérêt de l’enfant (je pense acheter des bâtonnets colorés très prochainement !).
Dans le même esprit, mon P’tit Loup adore son jeu « Abaque », qui fait partie de la gamme Montessori de Natures et Découvertes :
Attention cependant, avec ce type de matériel : il est important que l’enfant ait déjà bien acquis le geste d’enfilage de disques sur une tige au point que ce soit pour lui « une formalité ». Dans le cas contraire, la tâche d’enfilage pourrait le détourner de l’objectif premier qui est le tri par couleur. Comme le précise Maria Montessori, il est important que le matériel ait un objectif unique ! Si votre enfant est intéressé par les couleurs mais ne maîtrise pas parfaitement l’enfilage, je pense qu’il vaut mieux se tourner vers une autre activité de tri parmi celles déjà mentionnées. Il pourra en parallèle s’entraîner à l’enfilage avec un matériel prévu à cet effet, comme par exemple une tige unique avec des disques à enfiler.
LA CHASSE AU TRéSOR DE COULEURS
Cette activité paraît super, mais pour être honnête, nous l’avons peu pratiquée chez nous, mon P’tit Loup y ayant montré peu d’intérêt jusqu’à maintenant…
Il s’agit de proposer à l’enfant d’aller chercher dans la maison des objets correspondant à une couleur en particulier. J’ai trouvé l’idée dans le livre 100 activités d’éveil Montessori d’Eve Herrmann, et l’activité me paraissait ludique et amusante, mais comme je le disais elle a eu peu de succès ici, en tout cas pour l’instant.
Le plaisir d’apprendre
Je pense qu’il est important de rappeler à quel point la notion de plaisir est importante pour ce type d’apprentissage. Comme le disait si bien Maria Montessori, l’enfant doit vouloir ce qu’il fait. Il est donc essentiel de le laisser nous guider et de ne surtout pas lui mettre de pression. Comme pour toute autre activité, s’il n’a pas l’air intéressé, on n’insiste pas : on lui proposera à nouveau plus tard. Ce n’est vraiment pas un problème : tous les enfants traversent à un moment donné une période sensible par rapport aux couleurs, l’important est simplement de répondre à ce besoin d’apprentissage lorsqu’il se présente !
En ce qui me concerne, les deux premières présentations de couleurs ont moyennement intéressé mon P’tit Loup. Pourtant, lorsque j’ai reproposé l’activité la semaine suivante, c’était tout autre chose, et très vite, c’est lui qui a mené cette activité de sa propre initiative, en signant les couleurs des objets de la maison. Par exemple, nous avons 3 parapluies : un noir, un rouge et un blanc. Il allait les chercher, les posait sur le tapis, puis les désignait un à un en signant, ou en demandant que je lui nomme. La couleur marron, il l’a découverte de lui-même : je ne lui ai pas présenté de carte, mais en regardant la vaisselle dans le placard, il a désigné un jeu de quatre petites tasses en nommant les couleurs pour celles qu’il connaissait. Arrivé à la tasse marron, il m’a « posé la question » de sa couleur et je lui ai simplement répondu. Maintenant, à 20 mois, les couleurs principales sont bien acquises, et il est toujours très intéressé, tellement qu’il les nomme à tout va : en désignant les objets de la maison, les objets des livres, les voitures dans la rue… S’il y a plusieurs objets identiques de couleurs différentes, c’est presque systématique ! Du coup, nous jouons le jeu et nommons nous aussi beaucoup les couleurs des objets qui nous entourent. Il est clairement en plein dans cette période sensible, et c’est donc le moment pour nous de proposer et renouveler ce type d’activités ! D’ailleurs, si vous en connaissez d’autres dans le même esprit, n’hésitez pas à me les donner en commentaire… Tout cela pour dire qu’il est essentiel de se laisser guider par son enfant et d’aller à son rythme à lui 🙂 . J’espère que ces idées vous inspireront et permettront à vos bouts de chou d’apprendre les couleurs en s’amusant !
Sim 24 septembre 2020
Bonjour! Comment avez vous fait pour plastifier les feuilles de couleur ? Merci
Floriane 24 septembre 2020
Bonjour, à l’époque je les avais fait plastifier dans une imprimerie parce que je n’avais pas encore de plastifieuse, mais on peut les plastifier « maison » avec une plastifieuse ^^