Il y a peu, je vous parlais dans cet article des différentes manières d’encourager l’autonomie de son bébé, qui vont pour la plupart à l’opposé de l’opinion commune. Aujourd’hui, je continue dans cette thématique, mais cette fois appliquée aux petits enfants.
Cet article est en lien avec cet article de Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, qui elle vous parle des manières d’encourager l’autonomie chez les enfants plus grands. Je vous encourage vivement à le lire ! Personnellement, je trouve vraiment enrichissant de lire les réflexions et partages d’expériences de parents d’enfants plus grands étant engagés dans la discipline positive. Cela m’aide vraiment à me projeter dans l’avenir !
Voici donc, selon moi, les différents moyens d’encourager l’autonomie de son tout-petit.
RÉPONDRE SANS RESTRICTION À SES BESOINS AFFECTIFS
Je commence par ce point car je pense que c’est celui qui suscite le plus de désinformation. Dans notre société, il est presque communément admis que pour autonomiser un enfant, il faut le laisser se débrouiller tout seul coûte que coûte, quitte à le forcer s’il se montre réticent. C’est pour son bien, pour son autonomie ! Mais ce n’est pas cela, l’autonomie !
L’autonomie, c’est savoir se détacher de soi-même pour aller de l’avant lorsque l’on s’y sent prêt. Et pour y parvenir, l’enfant doit d’abord avoir pu s’attacher solidement à ses parents. C’est ce qu’explique la théorie de l’attachement que j’ai déjà largement développée dans cet article. J’avais parlé de cette mauvaise interprétation de l’autonomie dans cet article sur l’autonomie des bébés, je ne vais donc pas m’étendre davantage ici car le raisonnement est le même pour les petits enfants. Je vous y renvoie donc !
C’est également pour cette raison que, contrairement à la croyance populaire, si votre enfant a tendance à trop vous « coller » pendant une période donnée, la meilleure chose à faire pour qu’il se détache davantage (en jouant tout seul par exemple), c’est d’abord de lui offrir des moments privilégiés seul à seul avec lui. Des moments rien qu’à vous, sans téléphone/télé/ordinateur ni aucune autre distraction, sans parler à personne d’autre. Des moments où vous êtes 100 % disponible pour lui. C’est ce que l’on appelle « remplir le réservoir affectif » de l’enfant, et cela fonctionne à merveille ! Je le remarque régulièrement avec mon P’tit Loup. Je passe généralement un moment privilégié avec lui en début de matinée (généralement autour d’une activité en tête à tête), et je remarque ensuite qu’il a tendance à jouer seul un bon moment en fin de matinée. Au final, tout se passe bien et tout le monde est content ! Par contre, si pour une raison ou pour une autre, nous ne pouvons faire cette activité ensemble, force est de constater qu’ensuite, il ne m’accordera pas ce moment de répit en jouant seul. Au contraire, il sera plus grognon et s’accrochera à moi. Je sais alors qu’il est important que je passe un temps de qualité avec lui pour remplir son réservoir affectif, qui semble presque vide !
Coralie avait écrit un article très intéressant sur le sujet du moment particulier, je vous invite à le lire !
RESPECTER SES BESOINS PHYSIOLOGIQUES
On a trop tendance à vouloir penser à la place de nos tout-petits. Pourtant, ils sont les mieux placés pour savoir s’ils ont faim ou sommeil ! Demander à un enfant de finir son assiette ou de boire de l’eau, le forcer à faire la sieste alors qu’il n’est pas fatigué, lui demander de faire pipi sur le pot alors qu’il n’en manifeste pas l’envie est non seulement irrespectueux envers ses besoins physiologiques, mais en plus c’est une entrave à son autonomie ! À force de penser à sa place, on le coupe de la perception de ses propres besoins. À force, il s’en remettra toujours à l’adulte et ne saura plus écouter son corps.
Pour respecter ses besoins primaires et encourager son autonomie, je pense que la meilleure manière de procéder est de proposer, de créer une ambiance propice, mais ensuite de le laisser décider par lui-même. Par exemple, aux premiers signes de fatigue, on va créer une ambiance calme et apaisante, commencer le petit rituel l’invitant au sommeil. Mais on ne va pas lui demander d’absolument faire la sieste ou d’aller se coucher pour la nuit « parce que c’est l’heure », alors qu’il est visiblement en pleine forme… Pour le repas, on va bien sûr lui servir à manger, par contre, s’il n’a pas faim, nul besoin d’insister : on pourra lui garder son assiette de côté, et s’il a faim une heure après, il mangera à ce moment-là. Ou alors, on lui proposera un en-cas sain, comme un fruit par exemple. La manière de lui parler de ses besoins est aussi importante à mon sens. Dire : « Tu es fatigué ? Tu sens que tu as besoin de te reposer ? » est bien différent que de dire : « il faut que tu dormes maintenant ». De même, la question « il y a des toilettes/un pot, as-tu besoin de faire pipi ? » sera perçu différemment que l’injonction « va sur le pot/va faire pipi ».
Si l’enfant refuse de mettre son manteau alors qu’il fait frais, on peut aussi lui dire : « j’ai juste peur que tu aies froid. Si tu sens que as froid, j’ai ton manteau, tu peux me le demander ». C’est déjà arrivé avec mon fils : il refusait de mettre son manteau à la maison, mais une fois dehors il a bien senti qu’il avait froid, et l’a demandé…
L’idée est de faire confiance au maximum à son enfant concernant la gestion de ses besoins physiologiques (dans la mesure du possible bien sûr : s’il refuse de mettre son manteau alors qu’il fait -20°C dehors, c’est autre chose !), et d’ainsi l’encourager à y être bien attentif.
AMÉNAGER L’ENVIRONNEMENT
On rejoint là une idée clé de la pédagogie Montessori : pour permettre au petit enfant de faire un maximum de choses seul, il est nécessaire d’adapter l’environnement afin qu’il puisse accéder à ce dont il a besoin. On pourra, par exemple lui installer un lit au sol, ou du moins un lit bas, afin qu’il puisse se coucher seul, lui installer un petit lavabo à sa hauteur ainsi que ses petites affaires de toilette afin qu’il puisse se laver lui-même les mains et les dents, qu’il puisse se coiffer et faire sa toilette… Pour les repas, on pourra lui installer une petite étagère contenant sa vaisselle afin qu’il puisse, s’il le souhaite, mettre son couvert. Une chaise haute évolutive, ou alors une petite table et une petite chaise lui permettront de s’installer à table seul. Dans sa chambre, une petite penderie à sa hauteur lui permettra de prendre et ranger ses vêtements. Dans l’entrée, un petit porte-manteau à sa hauteur lui permettra d’accrocher lui-même ses affaires (manteau, bonnet…).
La tour d’apprentissage est également un outil très pratique pour permettre à l’enfant de faire seul dans bon nombres de situations, puisque elle permet de hisser l’enfant à hauteur d’adulte…
Très tôt, le tout-petit a très envie (et même besoin) de faire un grand nombre de choses seul. Il est tout de même dommage qu’il en soit privé simplement parce que dans son environnement, uniquement pensé pour les adultes, tout est hors de sa portée !
J’avais développé davantage ce point dans cet article sur la vie pratique, où j’expliquais concrètement ce que nous avons mis en place chez nous avec mon fils. Je vous invite donc à le lire si vous souhaitez approfondir !
LE LAISSER PARTICIPER AUX TÂCHES QUOTIDIENNES
Combien de tout-petits enfants adorent passer l’aspirateur, débarrasser la table et vider le lave-vaisselle ? Quasiment tous. Combien ont réellement l’opportunité de le faire ? Peu, il me semble. Une fois leurs enfants devenus adolescents, combien de parents aimeraient que ces derniers les aident davantage à réaliser ces tâches, alors même qu’ils les en ont vigoureusement empêchés 10-15 ans auparavant ?
Les tout-petits raffolent de ce type d’activités : elles leur donnent l’opportunité d’apprendre une quantité phénoménale de choses (mémoriser de nouvelles suites de gestes, intégrer du nouveau vocabulaire, exercer leur motricité fine et globale, éveiller leurs sens…) tout en imitant ce que font leurs parents et les adultes en général, le rêve !
Laisser son enfant participer aux tâches quotidiennes, c’est non seulement passer un moment privilégié avec lui, mais en plus cela lui permet d’apprendre comment faire, et même d’intégrer ces gestes comme une routine, quelque chose que l’on fait naturellement et systématiquement dans telle ou telle situation (comme débarrasser la table après le repas par exemple). Si ces gestes sont introduits à la demande de l’enfant dans la joie et la bonne humeur, puis intégrés tout naturellement dans la routine quotidienne, ils ne seront pas perçus par ce dernier comme une terrible corvée quelques années plus tard… Et puis, contribuer à la vie de la maison permet aux enfants de développer un fort sentiment d’appartenance.
Pour ces raisons, je laisse mon P’tit Loup mettre la table et vider le lave-vaisselle au risque d’y perdre quelques verres ou assiettes (bien qu’au final, ce soit extrêmement rare !), je le laisse passer l’aspirateur aussi longtemps qu’il le souhaite, je le laisse participer à la préparation du repas même s’il en met partout, je le laisse passer l’éponge pour nettoyer la table même s’il met de l’eau partout et que je dois repasser derrière, et je le laisse passer la serpillière après une inondation même son passage aggrave cette inondation ! 😉 Si cela vous intéresse, j’avais présenté ici nos différentes activités de vie pratique.
LUI APPRENDRE À FAIRE SEUL
Lorsque notre enfant manifeste un vif intérêt pour un apprentissage (se laver les mains par exemple), notre rôle est alors de l’aider dans sa conquête d’autonomie. Pour cela, nous pouvons lui faire une petite démonstration en lui montrant la suite de gestes de manière ordonnée, et surtout très lentement, et en silence. Ensuite, on l’invite la reproduire. Lorsqu’il s’y applique, on s’abstient de l’interrompre, ni-même de commenter : tant qu’il ne nous sollicite pas, nous le laissons faire. D’une part, nos interventions ne feraient que le déconcentrer dans sa tâche, et d’autre part, il est important de le laisser se tromper puis recommencer : l’erreur fait partie intégrante du processus d’apprentissage ! C’est en se trompant, en identifiant lui-même ses erreurs puis en recommençant qu’il apprend. Cela lui permet également de conserver son autonomie (justement !), et de garder confiance dans sa capacité à gérer seul les difficultés.
LE LAISSER FAIRE SEUL
D’après Maria Montessori, le petit enfant est poussé par une force intérieure extrêmement puissante à réaliser seul les gestes du quotidien. C’est pour lui un véritable travail, de la plus haute importance, qui répond chez lui à un besoin vital. Et le premier obstacle qu’il rencontre dans la réalisation de cette tâche, c’est l’adulte !
Sans nous en rendre compte et avec l’intention de bien faire, nous avons tendance à faire à la place de nos enfants. Selon Maria Montessori, nous ne devrions jamais faire à la place de l’enfant quelque chose qu’il est capable de faire seul.
L’enfant a envie et besoin de faire seul dès son plus jeune âge, mais c’est souvent entre 2 et 3 ans que ce besoin est à son paroxysme. Essayez alors de faire à sa place, essayez de l’empêcher d’accomplir son travail ! Il y a toutes les chances qu’il vous repousse en criant « MOI TOUT SEUL » ! Si dans une telle situation, l’adulte s’entête, l’enfant risque fortement de réagir de manière très violente. Ce n’est pas un « caprice », c’est au contraire une réaction tout á fait sensée et normale !
« Lorsque nous manquons de temps et que nous refusons de laisser un jeune enfant boutonner sa veste, s’il proteste violemment, ce n’est pas lui qui se dresse face à notre maladresse : c’est toute l’intelligence de l’Homme qui gronde car elle trouve une entrave à son développement. […] Et soyons-clairs : même si votre enfant vous aime et vous respecte, il se battra de toutes ses forces contre vous pour poursuivre ses directives biologiques ».
Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant.
Mon P’tit Loup de 2 ans et demi est en plein dans cette période en ce moment. Malgré moi, il m’arrive encore régulièrement d’aller trop vite et de faire certaines choses à sa place. Comme par exemple, lui attacher une chaussure, baisser la fermeture éclair de son manteau, lui servir de l’eau, lui tartiner son pain ou lui débarrasser son assiette ! Il proteste alors vigoureusement, et je me retrouve à défaire ce que je viens de faire pour qu’il puisse le refaire par lui-même ! 😉
Laissons donc nos enfants faire seuls le plus possible, ils développent là des compétences d’une valeur inestimable pour leur avenir. Et surtout, ne coupons pas cet élan naturel qui les pousse à faire seuls et à ainsi développer leur autonomie. Et puis, ce serait de toutes-façons un mauvais calcul pour le parent en termes de temps gagné. Pour quelques minutes économisées par-ci par-là maintenant, combien en perdrions-nous plus tard ?
Toujours dans l’esprit de le laisser faire seul, attention aux interruptions parasites que nous avons tendance à faire subir aux tout-petits en voulant les aider ! Aider son enfant lorsqu’il nous sollicite parce qu’il traverse une difficulté, oui. Mais l’aider utilement, en ne lui donnant pas la réponse trop vite, en le mettant simplement subtilement sur la voie. Par contre, l’interrompre pour « l’aider » alors qu’il est en pleine concentration et n’a rien demandé, surtout pas ! À la maison verte où je me rends régulièrement avec mon P’tit Loup, combien de fois ai-je vu des parents, ou même des éducatrices (!) faire à la place d’un enfant à la première difficulté qu’il rencontrait sur un jeu ? Il n’avait généralement pas le temps de réfléchir plus d’une seconde, et bim, on lui donnait la solution ! Mais n’est-ce pas lui retirer tout le plaisir ? Nous viendrait-on à l’idée d’agir de la sorte avec un adulte en train de réfléchir sur un casse-tête ou une énigme ? Et puis, quel message lui transmettons-lui en agissant ainsi ? Qu’il n’est pas capable d’y arriver seul, qu’il a besoin d’un l’adulte pour réussir. Si nous voulons enseigner à nos enfants le goût de la persévérance et de la satisfaction d’avoir réussi à faire quelque chose seul, si nous voulons qu’ils aient confiance en leurs capacités, laissons-les chercher, et surtout laissons-les se tromper ! Je l’ai déjà expliqué, l’erreur fait partie intégrante du processus d’apprentissage. Maria Montessori attachait une importance toute particulière à cette approche de l’erreur, au point que tout le matériel de sa pédagogie présente comme caractéristique un contrôle de l’erreur possible par l’enfant. C’est-à-dire que l’enfant doit pouvoir, en utilisant le matériel, identifier seul ses erreurs pour se corriger de lui-même, et ainsi progresser en toute autonomie. Et oui, c’est cela aussi, l’autonomie !
« Offrir notre soutien quand il peut aider l’enfant, et ne pas le lui imposer quand ce n’est pas nécessaire ».
Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant
Si vraiment vous sentez que vous ne pouvez pas vous empêcher d’intervenir lorsque vous voyez votre enfant buter sur une tâche, je vous conseille simplement de regarder ailleurs ! 😉 En plus, je pense que dans certaines circonstances, cela peut vraiment motiver l’enfant à persévérer pour faire seul, sans solliciter l’aide de l’adulte qui l’accompagne. Forcément, si cet adulte n’est pas juste à côté entrain de le regarder (voir de l’épier !), il sera moins tenté de faire appel à lui… Il y a quelques temps, j’ai remarqué que mon P’tit Loup avait tendance à me demander de l’aide pour mettre ses chaussures si j’étais à côté de lui. Alors, maintenant, j’ai tendance à m’occuper volontairement pendant ce temps-là : je range un peu la maison, je cherche mes affaires… Et en adoptant cette attitude, il est clairement plus autonome ! D’ailleurs, la première fois qu’il a réussi à mettre ses chaussures seul, j’étais dans la pièce à côté, la première fois qu’il a réussi à retirer son manteau seul, je faisais autre chose… Par contre, si jamais il m’appelle, je réponds toujours présente !
J’avais développé ici davantage le thème de la posture de l’adulte selon la pédagogie Montessori .
LE LAISSER EN MOTRICITÉ LIBRE
Si vous me suivez, vous savez que je suis à 100% pour la motricité libre, dont je parle régulièrement sur ce blog. C’était d’ailleurs l’un de mes points clés concernant le développement de l’autonomie chez les bébés.
Si effectivement, le respect de la motricité libre est capital pour le développement de l’autonomie chez les bébés, il n’en est pas moins essentiel pour les bambins et les petits enfants ! On a tendance à l’oublier et à le négliger, mais la motricité libre ne s’arrête pas à la marche. Laisser son tout-petit en motricité libre, c’est le laisser monter et descendre les escaliers de manière autonome (on évite de lui donner la main), le laisser utiliser l’aire de jeux en toute autonomie (on évite de le placer en haut du toboggan par exemple), etc. Il s’agit encore une fois de le laisser faire seul, de ne pas affecter sa confiance en lui-même et en ses capacités, et surtout de ne pas le rendre dépendant de nous : un enfant à qui on a donné la main pour descendre les escaliers perdra confiance en lui et sollicitera l’adulte à chaque fois qu’il voudra descendre (je sais de quoi je parle, nous avons commis cette erreur et il nous a fallu deux bons mois d’efforts pour que mon P’tit Loup redescende seul !), un enfant qu’on aura placé en haut du toboggan sollicitera l’adulte pour réitérer l’expérience (il aura probablement apprécié la glissade), et perdra peut-être même l’envie de chercher à monter seul (à quoi bon puisqu’il suffit de demander ?). Mon P’tit Loup a commencé à faire du toboggan « tard » si l’on compare à la moyenne des autres enfants, tout simplement parce que je ne l’ai pas placé en haut du toboggan avant qu’il ne soit capable d’y monter par lui-même, et qu’il a pris son temps avant de se lancer 😉 . Il aimait tester doucement, à son rythme, en s’asseyant en bas, en observant les autres enfants descendre. Je l’ai simplement laissé faire. J’ai parfois ressenti des jugements par rapport à cela (mais pourquoi, à son âge, ne le met-elle pas en haut du toboggan ?). Mais quand il a eu le déclic, un peu avant ses 2 ans, il montait seul, prenait son élan seul pour descendre, descendait seul, se relevait seul puis recommençait, tout seul ! Et d’un coup, ces mêmes parents qui avaient l’air de trouver « bizarre » qu’il ne fasse pas encore de toboggan la semaine précédente, le citaient en exemple à leurs enfants, tout simplement parce qu’il était bien plus autonome qu’eux ! Tout cela pour dire, rien ne sert de vouloir presser les choses, ce n’est pas comme cela qu’on aide un enfant à devenir plus autonome, bien au contraire…
Toujours dans l’esprit de la motricité libre, je pense qu’il est important d’être vigilent quant à l’usage de la poussette. Un usage abusif avec un enfant ayant acquis une marche bien assurée pourrait lui couper l’envie de marcher sur de « longues distances ». En effet, pourquoi s’embêter à marcher alors qu’il pourrait avancer et profiter du paysage tout en restant confortablement assis ? Pourquoi se fatiguer alors que la poussette est là sous son nez, prête à l’accueillir ? Pour éviter cela, nous privilégions largement le porte-bébé : nous partons à pieds, celui-ci est plié dans le fond du sac à dos, et en cas de fatigue, nous pouvons le sortir. Mais en attendant, mon P’tit Loup n’y pense pas puisqu’il ne le voit pas… Nous ne faisons que très rarement usage de la poussette (principalement lorsque nous allons au restaurant sur l’heure de la sieste…). Je pense que c’est là aussi une manière d’encourager l’autonomie…
ACCUEILLIR ET NOMMER SES ÉMOTIONS
Je vous ai déjà parlé dans cet article sur la gestion des crises et dans celui-ci sur les émotions de l’importance d’aider l’enfant à se familiariser avec les émotions qui le traversent. Le tout-petit subit de véritables tempêtes émotionnelles du fait de l’immaturité de son cortex préfrontal, la partie du cerveau qui permet de réguler les émotions. Mais l’adulte peut, par son accompagnement bienveillant, aider ce cortex préfrontal à arriver à maturation plus vite (ou, par des comportements inadaptés, retarder cette maturation, malheureusement).
Lorsqu’une crise survient, accueillir les émotions de l’enfant et les nommer l’aidera à mieux les comprendre, pour à l’avenir mieux les reconnaître et mieux les maîtriser. Si pour l’instant, il a absolument besoin de l’adulte pour surmonter une tempête émotionnelle, ce travail de longue haleine lui permettra à terme de prendre du recul sur la situation et de se calmer tout seul. Ce qui est incontestablement une forme d’autonomie ! (Attention, je tiens à préciser qu’un tout-petit qui se tait soudainement parce qu’il a été isolé ou parce qu’on lui a demandé de se taire ne fait absolument pas preuve de cette autonomie émotionnelle. Il s’agirait dans ce cas d’un refoulement pur et simple des émotions ressenties, ce qui n’a rien à voir !)
LE RESPONSABILISER AU QUOTIDIEN
Apprendre à devenir autonome, c’est également apprendre à devenir responsable, c’est à dire être capable de prendre seul les bonnes décisions. Dès le plus jeune âge, nous pouvons aider nos enfants sur ce long chemin de l’apprentissage des responsabilités.
Bannir les punitions et récompenses
Pour cela, il me semble que la première chose est de s’affranchir totalement du modèle éducatif commun reposant sur les punitions et récompenses. Celles-ci sont dévastatrices du point de vue de l’apprentissage de la responsabilité. Elles n’apprennent uniquement à l’enfant à se comporter en fonction de ce qu’attend l’adulte, plutôt que de se comporter selon ce qui lui semble juste. Elles le déconnectent de son sens pourtant inné du bien et du mal, de son envie intrinsèque de bien faire. Son référentiel n’est plus interne, mais externe, pour reprendre les termes de Jane Nelsen. Et que fait un enfant éduqué de la sorte dès que l’adulte qui le surveille à le dos tourné ? Il fait ce qui lui est interdit, bien évidemment ! Vous voulez faire de votre enfant quelqu’un d’autonome et de responsable ? Apprenez-lui à réfléchir aux conséquences de ses actes, à prendre en compte les sentiments des autres, à faire les bons choix en utilisant son cerveau ! Quel plus beau cadeau pourrions-nous faire à nos enfants ?
Ce qui veut dire, par exemple, l’inviter à réparer les conséquences de ses actes (en essuyant l’eau qu’il a renversée avec une éponge), lui expliquer leur portée (« regarde, Mila pleure parce que ça fait très mal de se faire tirer les cheveux, alors elle a mal et elle est triste »), lui apprendre à rechercher des solutions pour résoudre un problème (« je vois que vous voulez tous les deux le même jouet, pouvez-vous penser à une solution pour que vous soyez tous les deux contents ? »), le laisser expérimenter les conséquences naturelles de ses choix (« oui, lorsque l’on marche pieds nus dehors alors qu’il pleut, on a les pieds mouillés, tu vois ? »), etc.
Je vous invite à lire mon article sur la punition où j’avais largement développé ces idées ! 🙂 Coralie a également fait ici le récit d’une belle recherche de solutions entre enfants.
Lui proposer des choix fermés
Que veux-tu manger pour le goûter, une pomme ou une clémentine ? Quel pull préfères-tu mettre aujourd’hui, le bleu ou le rouge ? Quand préfères-tu t’habiller, avant ou après le petit déjeuner ?
Proposer ce type de choix fermés à son enfant au quotidien, c’est lui apporter une grande aide dans sa quête d’autonomie, puisque qu’il s’entraîne ainsi à prendre des décisions ! Même si à ce stade elles paraissent futiles, elles ne le sont pas à ses yeux, un petit enfant prend ce type de décisions très au sérieux ! Et ce n’est pas si facile que cela en a l’air (mon P’tit Loup est d’ailleurs dans une période où il revient parfois plusieurs fois sur son choix, et je dois respirer un grand coup pour ne pas perdre patience ^^). Mais en le faisant tous les jours, l’enfant apprend. Savoir choisir en étant sûr de soi, c’est une véritable qualité et un beau signe d’autonomie. D’ailleurs tous les adultes n’en sont pas capables (je dois d’ailleurs avouer que je pourrais être classée dans cette catégorie… ^^ )!
Lui poser des questions l’amenant à réfléchir par lui-même
Quelles chaussures met-on quand il pleut ? Où ranges-tu ton manteau en rentrant à la maison ?
Que peux-tu faire pour avoir les dents propres ?
Plutôt que de donner sans cesse des directives (qui de plus sont souvent mal reçues de la part des tout-petits, notamment autour de 2 ans), poser des questions pertinentes amenant l’enfant à trouver par lui-même ce qu’il doit faire encourage vraiment sa prise d’initiatives et son autonomie. À force, c’est tout naturellement qu’il fera ce qu’il faut, sans qu’on n’ait besoin de le lui rappeler, parce qu’il saura POURQUOI il est important de le faire. Encore une fois, un enfant autonome n’est certainement pas un enfant qui agit par peur de la punition, des cris, ou par convoitise d’une récompense. C’est celui qui fait ce qu’il faut de son plein gré, parce qu’il a compris que c’était important…
—————
Finalement, force est de constater que la parentalité positive fait la part belle à l’autonomie ! 🙂
Et vous, que mettez-vous en place pour encourager l’autonomie de vos tout-petits ? N’hésitez pas à partager vos expériences et ressentis en commentaire !
Crédit photo :
Photo de Jay. Licence Creative Commons.
Claire 2 novembre 2017
Encore une fois, merci pour cet article vraiment très complet! 🙂
Floriane 2 novembre 2017
Merci à toi, je suis contente qu’il te plaise ! 🙂
Chang ParentaliteZen 26 décembre 2017
Je rejoins les autres commentaires, l’article est très complet. Finalement, ne perdons pas de vue qu’on aimerait faire de nos petits des adultes autonomes.
Effectivement on peut les laisser faire leur lacets seul, s’habiller seul également. Pour ne pas perdre trop de temps c’est vraiment efficace de les guider avec des choix limités. Mais surtout il ne faut pas se précipiter pour les aider, d’une part, on montre qu’on ne les sent pas capables et de d’autre part ils n’ont pas l’occasion de s’améliorer.
De la même manière, si ils nous posent une question, au lieu d’y répondre illico presto, on peut leur demander leur avis pour qu’il essaye de réfléchir seul
Renaud 5 juin 2020
Bonjour ,
Merci pour ces articles très éclairants .
Mon fils fait tomber son jouet préféré par terre sciemment lorsqu’il est énervé.
Comment réagiriez vous ? Personnellement nous disons qu’il va abîmer son jouet et nous le cachons , en disant que c’est pour protéger le jouet .