La valeur de l’exemple

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Aujourd’hui, je suis très inspirée pour vous parler du pouvoir de l’exemple dans l’éducation de nos enfants. Je pense que c’est l’une des choses les plus importantes, dont tout parent devrait se souvenir au quotidien.

Maria Montessori expliquait que de 0 à 6 ans, l’enfant est doté d’un « esprit absorbant ». C’est-à-dire que tout ce qu’il observe autour de lui s’imprègne profondément dans son esprit. Et c’est tout naturellement qu’il le reproduira ensuite. C’est pourquoi la pédagogie Montessori insiste tant sur l’importance de l’environnement qui entoure l’enfant, et l’importance de la posture de l’adulte, qui par son attitude montre le chemin à l’enfant.

Céline Alvarez, dans son livre Les lois naturelles de l’enfant, apporte un éclairage complémentaire sur ce point provenant des dernières découvertes en neuroscience. Elle explique la notion de plasticité cérébrale : l’être humain naît avec un grand potentiel d’intelligence, mais son cerveau est complètement immature. Son cerveau se spécialisera ensuite en fonction de son environnement de sorte qu’il puisse s’intégrer dans le monde dans lequel il vit ! L’exemple du langage est frappant : le bébé né avec le potentiel immense d’apprendre n’importe quel langue vivante, qu’il apprendra au fil du temps sans effort si son environnement lui permet de l’entendre quotidiennement. La nature est bien faite ! Mais attention : le cerveau plastique de l’enfant modélise absolument tout. Quelle responsabilité pour nous adultes qui vivons avec des enfants ! Tous nos mots, toutes nos attitudes s’imprègnent dans leurs cerveaux. Ils les modélisent, et les reproduisent. Les meilleurs comme les pires.

 « Tout ce que l’enfant va vivre à nos côtés va s’encoder par des connexions de neurones. De la naissance à 5 ans, 700 à 1000 nouvelles connexions se créent chaque seconde. Chaque image, chaque interaction, chaque évènement, aussi quotidien soit-il, se fixe dans les fibres du cerveau de l’enfant en connectant ses neurones. Le cerveau se structure directement avec ses expériences dans le monde ».

Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, p 43

Je l’observe tellement avec mon P’tit Loup, depuis si longtemps…

Quand il soulevait son T- shirt pour donner la tétée à sa poupée, mais avant partait chercher une tasse pour vider son jet trop fort (cf mon REF !!), puis à la fin de la tétée décrochait sa poupée endormie avec son petit doigts, j’étais époustouflée de constater à quel point il était capable d’intégrer et reproduire mes moindres faits et gestes avec tant de détail et de précision !

Quand il dit, en pleine tempête émotionnelle, qu’il veut chercher « une petite solution », quand il court consoler sa petite sœur lorsqu’elle pleure, quand il exprime par des mots ses émotions et ressentis, quand il range ses jouets au fur et à mesure, quand il nettoie de lui-même ce qu’il a sali, quand il me propose de goûter un petit morceau de son assiette alors qu’il s’agit d’un plat qu’il aime, on se dit avec son papa qu’on lui a montré le bon exemple.

Quand il crie « rrrrr, ça m’énerve ! » lorsqu’il n’arrive pas à faire quelque chose, quand il jette ses vêtements de loin pour les mettre au sale (et du coup loupe le panier !), quand il laisse traîner des vêtements n’importe où n’importe comment, quand il dit « ça va trop vite » pour dire « ça va très vite et j’aime ça ! », quand il sort de table pour un oui pour un non, on se dit qu’on lui a montré le mauvais exemple.

Mais quand en rentrant de l’école, il dit en levant le doigt et d’un ton autoritaire des choses comme : « MAMAN, VIENS ICI, TOUT DE SUITE ! », « FAIS CA, MAINTENANT », « QUAND JE DIS DE FAIRE CA, TU LE FAIS ! », « C’EST MOI QUI DÉCIDE », ou pire, quand il dit crie à sa petite sœur en levant le doigt « ARRÊTE TOUT DE SUITE ! », non seulement je prends conscience plus que jamais du pouvoir de l’exemple, mais je me rends aussi compte à quel point il est urgent que tous les professionnels de la petite enfance aient cette prise de conscience. Jamais je ne l’avais entendu parler comme cela auparavant, et depuis les débuts de l’école, c’est tous les jours. (Petite précision bien que hors sujet : fort heureusement les choses s’améliorent grandement ces jours- ci suite à un gros travail quotidien fait à la maison, mais il est bien malheureux que je sois obligée de « réparer » à la maison les erreurs commises à l’école). Et pourtant, sa maîtresse qui est l’adulte qu’il côtoie le plus à l’école, exerce une discipline plutôt positive et respectueuse. Mais il aura apparemment suffi que les adultes encadrant la récréation, ou d’autres enseignants, parlent de la sorte aux enfants quotidiennement pour que cela s’ancre en lui à ce point.

Nous voulons faire de nos enfants des petits êtres doux, empathiques, altruistes et respectueux ? Alors commençons par leur montrer le bon exemple en les traitant avec douceur, empathie et respect. Imposons notre volonté sur nos enfants par la force, et ils voudront imposer la leur par la force également. Utilisons la loi du plus fort sur eux, et ils l’utiliseront sur les autres enfants. Quoi de plus logique ?

J’ai une petite anecdote personnelle à vous raconter qui je pense illustre parfaitement ce point. Mon P’tit Loup a eu à un moment donné la fâcheuse tendance à toucher les oreilles des autres. On lui a expliqué à nombreuses reprises que c’était désagréable, qu’on n’aimait pas se faire tripoter les oreilles et que probablement les autres personnes non plus. Et qu’il était important de respecter les limites des autres concernant leur corps. Un jour, son papa, à bout de patience, lui a dit sur un ton assez plaisantin tout de même : « si tu me tripotes encore les oreilles, je te chatouille ! », avant de passer à l’acte. Bon il n’y avait là rien de dramatique, ils en ont ri tous les deux, mais je n’approuve pas cette approche puisqu’elle apprend davantage la loi du talion que le respect du corps de l’autre, et de plus, même si là c’était « gentillet », elle constitue une sorte de menace. Nous en avons discuté avec le papa, qui a reconnu cela et n’a plus utilisé cette approche par la suite. Mais cela n’a pas empêché mon P’tit Loup de dire plusieurs fois à sa sœur : « si tu me touches encore, je te chatouille ! ». Rien de dramatique là encore une fois, c’était plus drôle qu’autre chose, mais qu’en aurait-il été si mon chéri avait utilisé une sanction véritablement violente ? Nous aurions probablement eu à faire face à un petit garçon de 3 ans menaçant sa petite sœur de 5 mois d’une fessée ou d’une tape !

Dans le livre Parler pour que les tout petits écoutent de Joanna Faber et Julie King, une maman raconte comment elle a subi, de la sorte, l’effet boomerang de la valeur de l’exemple. Le grand frère avait tendance à avoir des gestes brusques voire violents envers le bébé. À bout de patience, elle lui a dit un jour « il faut que tu comprennes : voilà ce que ça fait quand on reçoit une tape sur la tête », avant de lui en donner une. Le petit a eu mal et a pleuré. Elle avait mal au cœur mais pensait lui avoir donné là une bonne leçon. Lorsque plus tard, elle l’a entendu dire à son petit frère : « tu vas voir ce que ça fait de recevoir une tape sur la tête, il faut que je t’apprenne » avant t’entendre le bébé hurler, elle a compris son erreur…

Cela m’évoque également une scène du film Même qu’on naît imbattables de Marion Cuerq et Elsa Moley, où l’on voit des enfants suédois découvrir avec stupéfaction des photos d’enfants français mettant la fessée à leur poupée. En Suède, où les châtiments corporels sont interdits par la loi depuis 1979, les enfants ne sont jamais témoins de telles violences, et donc n’auraient jamais l’idée de les reproduire. Comment les petits français ont-ils appris le geste de la fessée, comment l’ont-ils suffisamment intégré en eux d’une part pour être capable de le reproduire parfaitement, et d’autre part pour penser qu’il s’agisse là de la chose la plus naturelle à faire face à un petit qui pleure ?

« Notre responsabilité est donc immense. Un beau matin, nous rions de vois nos enfants faire comme nous, parler comme nous, bouger et réagir comme nous : c’est souvent un moment particulièrement drôle, surprenant, voire difficile, car l’enfant nous renvoie en miroir les gestes ou les attitudes que nous lui avons enseignés sans le savoir, simplement en vivant à ses côtés. Nous pensons qu’il nous imite, mais il serait plus exact de dire qu’il manifeste à l’extérieur ce qui s’est encodé à l’intérieur. Il faut donc l’entendre, qu’on le veuille ou non, ce sont toutes ces petites choses auxquelles nous ne faisons pas attention qui structurent directement et sans aucun filtre, les capacités et les comportements de nos enfants. Nos attitudes préparent les leurs. Cela doit être dit, redit et entendu. Il nous faut maintenant agir en conséquence, aussi bien à la maison qu’à l’école. »

Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, p 47

Quand on prend conscience de la valeur de l’exemple, faire tout son possible pour éduquer son enfant dans la bienveillance devient une évidence. Montrons à nos enfants le chemin que nous souhaitons les voir emprunter ! C’est selon moi la seule voie vers une société plus empathique, solidaire, et bienveillante justement…  ❤️

Sources et références

 A propos de l’esprit absorbant : 

L’enfant, Maria Montessori, Broché, 2006

L’esprit absorbant de l’enfant, Maria Montessori, Broché, 2003

A propos de  la plasticité cérébrale : Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez, Édition des Arènes, 2016, p 36 à 156

Le témoignage de la tape sur la tête : Parler pour que les tout petits écoutent, Joanna Faber et Julie King, p  117

 

 

 


2 thoughts on “La valeur de l’exemple

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