Le doux sevrage de mon P’tit Loup

sevrage naturel

Ma petit Louve vient d’avoir 4 mois. Cela veut dire que cela fait 4 mois que mon P’tit Loup n’a pas tété. 4 mois que notre belle aventure d’allaitement a pris fin. Ce servage n’a pas été initié de ma part, c’est lui et lui seul qui a choisi d’arrêter.

Je vis bien ce sevrage qui s’est fait tout en douceur. Malgré tout, il m’a fallu du temps pour me décider à en parler ici. J’avais besoin d’être sûre que c’était vraiment fini. J’avais besoin de bien m’imprégner de cette nouvelle réalité, de me rendre compte de l’évidence : mon P’tit Loup ne tètera plus. J’avais besoin de me faire à cette idée. Parce qu’on a beau s’y préparer, on a beau se sentir prête, on a beau être heureuse de la situation, c’est tout de même une sacré étape pour une maman !

Aujourd’hui, je me sens prête à en parler. Non sans un pincement au cœur, mais la page est belle est bien tournée. Et ce matin, quand mon P’tit Loup m’a dit qu’il « n’aimait pas le goût du lait de maman » (en fait il n’y a pas regoûté depuis, mais il le voit tous les jours dans les tasses que je remplis pour vider le surplus lors des tétées de ma fille), je me suis dit que décidément, cette étape était bien franchie, et qu’il était temps d’en faire le récit ici.

***

Lorsqu’il a eu 2 ans en mars de l’année dernière, mon P’tit Loup tétait encore six à huit fois par jour. J’avais parlé de notre relation d’allaitement dans cet article sur l’allaitement long. Au mois de juin, j’ai remarqué que la fréquence des tétées avait tendance à diminuer. Il ne tétait plus systématiquement au réveil, plus systématiquement quand il se faisait mal, puis plus systématiquement après le bain… Et ces tétées ont progressivement disparu, ou alors si elles avaient lieu c’était exceptionnel.  Au mois de juin donc, je me souviens d’une journée à la mer sans tétée, alors que nous avions été ensemble toute la journée. Je crois bien que c’était la première fois. En fait, à ce moment-là, il tétait principalement pour s’endormir, alors pour peu que l’on fasse de la voiture/une balade en portage ou en poussette au moment de la sieste, une journée sans tétée était devenu quelque chose de possible.

Je suis tombée enceinte au mois de juillet, et la fréquence des tétées a continué de diminuer, doucement mais sûrement.

Et puis à l’automne, les choses se sont accélérées. Deux jours de suite à la mi-octobre, mon P’tit Loup n’a demandé à téter qu’à 21h, pour l’endormissement du soir. Et un jour, peu après, il n’a plus demandé pour s’endormir. À mon grand désespoir, je ne me souviens plus de ce soir-là en détail, de la manière dont cela s’est passé. Mais je me souviens que c’est venu de lui tout naturellement, et que ce soir-là comme tous les autres ensuite, après l’histoire du soir, il s’est endormi allongé blotti contre moi, mais sans téter.

Au début du mois de novembre, il a commencé à passer plusieurs jours sans téter. D’abord 2 jours plusieurs fois d’affilée, et puis de tout à trac, 5 ! 5 jours sans téter, et deux fois de suite en plus ! À ce moment-là, je me suis pris une claque, et surtout un gros coup au moral. J’ai vraiment eu peur que tout se termine très rapidement dans les semaines à venir (voire que la dernière tétée ait déjà eu lieu sans que je ne le sache encore !), et clairement je n’étais pas prête. J’avais beau savoir qu’une grossesse induisait un sevrage chez la moitié des enfants, j’avais beau avoir envisagé cette possibilité, je n’étais pas prête dans ma tête à dire au revoir à ces moments, là tout de suite : les choses avaient avancé trop vite en quelques semaines à peine. J’étais préparée pour un sevrage en cours de grossesse, mais pas si brutal.

Je sentais bien que j’avais moins de lait, mais j’en avais pourtant : mon P’tit Loup déglutissait de temps à autre pendant les tétées, tout n’était pas « à vide ». Il me disait lui-même qu’il y avait du lait, et quand je lui demandais s’il avait changé de goût, il me répondait que non. Mais clairement, ma grossesse induisait un sevrage qui me semblait un peu précipité, et cela me faisait mal au cœur. Les tétées m’étaient douloureuses, alors je demandais beaucoup à mon P’tit Loup pour pouvoir les supporter : il ne devait pas me toucher (je ne supportais pas !), je lui imposais certaines positions, je lui demandais parfois de changer de sein si j’avais trop mal au premier, j’écourtais la tétée si elle était trop douloureuse… Tout cela devait clairement jouer, il devait sentir que je ne prenais plus tant de plaisir à l’allaiter.

Donc, après ce record à 5 jours sans téter deux fois d’affilée, j’ai pris conscience que la dernière tétée pourrait venir plus tôt que je ne l’avais imaginé. J’ai craint de ne pas y être préparée, et surtout j’ai craint de ne pas m’en souvenir a posteriori ! Pour éviter cela, je me suis mise à noter les tétées dans mon téléphone lorsqu’elles avaient lieu, au cas où… Cela arrivait tous les 2-3 jours, avec parfois des pics à 5 jours. Il était exceptionnel qu’il tète 2 jours de suite. Nous étions au mois de novembre/décembre, et à cette période, je pensais vraiment que mon P’tit Loup serait sevré pour les fêtes. Je savourais chaque tétée comme si c’était la dernière, et j’essayais de m’en souvenir dans les moindres détails, jusqu’à la prochaine…

Mais les choses en ont été autrement. Il a maintenu ce rythme de tétées pendant plus longtemps que je ne l’aurais cru. Nous avons cependant peu après atteint de nouveaux records : au moment de Noël, il n’a pas tété pendant 7 jours. À la fin janvier, il n’a pas tété pendant 7 jours, puis consécutivement pendant 9 jours. En février et au début du mois de mars, il tétait en moyenne une fois par semaine. Mais au courant du mois de mars, quelques semaines avant la naissance de sa petite sœur, il s’est mis à reprendre plus souvent le sein. Nous avions à nouveau des tétées tous les 2 jours, et je me souviens m’être fait la réflexion que cela me semblait être « souvent » ! ^^ Puis nous sommes passés d’un jour sur 2 en moyenne à une tétée par jour, voire 2 tétées pour certaines jours ! J’étais très étonnée de ce revirement de situation ! Déjà que je n’aurais pas pensé allaiter si tard dans la grossesse étant donné la tournure qu’avaient pris les choses à l’automne, j’aurais encore moins imaginé qu’il prenne plus souvent le sein à l’aube de la naissance de sa petite sœur. Était-ce une manière de profiter une dernière fois de son exclusivité, de profiter davantage de sa maman avant qu’elle ne soit moins disponible ? Ou une manière de se raccrocher une dernière fois au sein pour mieux s’en séparer ? Lorsqu’il demandait, c’était souvent pour s’endormir (alors que cela n’était pas arrivé depuis des mois !), parfois au réveil il me semble (je n’en suis pas sûre…), et parfois juste comme ça, en pleine journée : une demande venue de nulle part, sans occasion spécifique (ces tétées surprises m’étonnaient particulièrement). Je me souviens très bien de cette fois où il m’a demandé de téter à la sortie du bain, par terre près de la baignoire, encore dans sa serviette de bain. Alors que pendant bien longtemps, cela a été un petit rituel très établi auquel nous étions tous deux attachés, cela n’était pas arrivé depuis 4-5 mois. J’étais donc très surprise par cette demande, émue aussi ! Ce fût une très belle tétée : longue, douce, câline… et pas vraiment douloureuse !

Nous étions à quelques jours de mon accouchement, bien que je ne me souvienne pas de la date (une semaine avant au grand maximum je dirais). Et à ce stade, je pensais vraiment que j’allais co-allaiter. Ce qui n’était pas sans susciter en moi certaines appréhensions : je pensais tellement que mon P’tit Loup allait se sevrer pendant la grossesse que je ne m’y étais pas vraiment préparée ! J’essayais malgré tout de ne pas tellement me projeter, de prendre les choses comme elles venaient au fur et à mesure, de me dire toujours « on verra bien comme ça se passe ! ».

Et puis le 29 mars, nous avons accueilli avec grand bonheur notre deuxième enfant : notre petite fille, notre petite Louve.

Mon P’tit Loup est venu à la maternité le lendemain de l’accouchement. Lorsqu’il est arrivé avec son papa et son papi, il était fou de joie à l’idée de rencontrer sa petite sœur. Elle était justement en train de téter. Il est venu nous rejoindre sur le lit pour la voir de plus près, la câliner… Il l’a bien regardée téter. Mais il n’a pas demandé à téter. Le lendemain non plus. Le surlendemain non plus. Les jours suivants non plus. Malgré notre retour à la maison, malgré qu’il voyait sa petite sœur au sein toute la journée.

J’ai eu une montée de lait très douloureuse, et lorsque j’en ai parlé à ma sage-femme lors de son passage à la maison, elle m’a répondu : « Ton grand tète, non ? Demande-lui de téter, c’est un super remède ! ». Je n’étais pas très favorable à l’idée, puisque depuis un bon moment déjà, je ne lui proposais plus jamais de téter : ce n’était qu’à sa demande à lui. Je ne voulais pas le sevrer, mais je ne voulais pas spécialement l’encourager à téter davantage non plus. Mais le lendemain, n’y tenant plus face à cette montée de lait si douloureuse, je lui ai proposé de téter. Sa réponse ? « NON !!! ». Un grand non ferme et catégorique ! J’avoue que j’étais très surprise de l’intensité de sa réponse, un peu vexée aussi… Plus tard dans la journée, je lui ai à nouveau proposé, et la réponse fût la même. À ce moment je me suis promis de ne plus lui proposer, je n’avais pas du tout envie d’essuyer à nouveau un tel refus.

Quelques jours plus tard, au cours d’une discussion, il a compris que mon lait était redevenu du lait « normal ». Il savait que le lait des premiers jours après la naissance était du colostrum, mais qu’ensuite le lait « blanc » arriverait, je le lui avais expliqué lors de ma grossesse. Quand il a compris que le lait « blanc » était revenu, il a sauté de joie et a rigolé de bonheur. Là je me suis dit « C’était donc ça, il pensait que c’était du colostrum. Maintenant il va reprendre illico ! ». Mais en fait pas du tout. Il a été content de le savoir, puis est passé à autre chose…

Et il n’a jamais redemandé. Il n’a plus jamais tété. Comme si l’arrivée de sa petite sœur avait clôturé cette belle aventure. Comme s’il voulait lui laisser la place.

Autant je parle d’allaitement avec lui très régulièrement (parce qu’il voit sa petite sœur téter, s’intéresse et participe un maximum ! Il donne même la tétée à sa poupée !), autant nous n’avons encore jamais reparlé de son allaitement à lui. Au départ, le servage était vraiment trop récent, je n’étais même pas vraiment sûre qu’il y avait eu sevrage, je ne savais pas s’il allait reprendre ou non… Et puis, j’avais peur de lui mettre en tête l’idée de téter à nouveau. Maintenant je n’ai plus cette crainte, mais cela me paraît toujours tôt, alors non verrons bien. Je n’en parle pas, lui non plus.

Comme je le disais, il n’a jamais regoûté mon lait. Un jour, il est tombé sur une tasse de mon lait sur la table basse du salon, et a fait mine de vouloir en boire. Pour l’encourager, je lui ai dit « c’est mon lait, tu peux goûter si tu veux ». Il a aussitôt reposé la tasse et m’a répondu « ah, je croyais que c’était du lait de soja ». Je vide du lait dans une tasse lors de chaque tétée à cause de mon REF, j’ai donc eu l’occasion de lui proposer à nouveau quelques fois, mais il n’a jamais accepté d’en boire. C’est très déroutant, et parfois j’aimerais bien savoir ce qui se passe dans sa petite tête !

***

Avec le recul, je suis vraiment contente de ce sevrage, qui s’est fait tout en douceur. J’aurais difficilement pu espérer mieux. Il était si doux que j’ai du mal à me souvenir des détails, j’ai dû faire un sacré effort de mémoire pour écrire cet article ! Et d’ailleurs, je ne me souviens pas de notre dernière tétée. Si j’avais un regret, ce serait bien celui-là : j’aurais tellement aimé m’en souvenir dans les moindres détails, connaître la date ! Peut-être était-ce cette fameuse tétée de sortie du bain ? J’aime à me dire que oui, c’était celle-là la dernière. Elle était si belle ! Je ne peux pas savoir si c’était elle ou une autre, mais j’ai choisi de me souvenir de celle-ci comme la dernière. En tous cas, c’est la dernière qui m’ait marquée, ce doit être le plus important je suppose.

À l’aube de ses 3 ans et de l’arrivée de sa petite sœur, mon P’tit Loup a donc pris sa dernière tétée. Je suis si heureuse et fière de notre parcours. Maintenant, nous sommes vraiment lui comme moi passés à autre chose. D’ailleurs, s’il me demandait à nouveau de téter demain, je ne pense pas que j’accepterais. C’est difficile à expliquer, mais je ne m’imagine plus du tout l’allaiter… Cela me ferait tellement bizarre maintenant ! Notre relation a pris une autre tournure. Il n’y a plus de tétées, mais il y a beaucoup de câlins et bien sûr toujours autant d’amour. Je garderai toujours un souvenir intense de ces 3 ans d’allaitement. Ces moments sont gravés à jamais dans mon cœur. Quelle aventure ! Moi qui n’y connaissais rien, moi qui ne souhaitais allaiter que 3 mois au départ… Si on m’avait dit que je l’allaiterais 3 ans ce bébé, je ne l’aurais jamais cru !

Sa petite sœur prend maintenant le relai. L’aventure recommence pour moi avec cet autre bébé. Et comme je le disais, mon P’tit Loup participe à sa manière. Il y a d’ailleurs souvent des tétées « à 3 », ou mon P’tit Loup se joint à nous pour un câlin ! ❤️

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Je souhaite à toutes les mamans un sevrage aussi beau et doux que celui que j’ai eu la chance de vivre.

Je souhaite à toute les mamans de vivre un aussi bel allaitement que celui que j’ai eu la chance de vivre.

Que de beaux moments de tendresse, de douceur, de complicité, d’intimité, de fusion, d’amour…

Merci à toi mon fils ! ❤️

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Notes :


8 thoughts on “Le doux sevrage de mon P’tit Loup

  1. Meftah Répondre

    Oh merci pour ce beau récit,,,,j’en ai eu les larmes aux yeux,,,,bravo et encore merci pour tous ces beaux articles et conseils qui me guident beaucoup!!! J’en suis a 2 ans et 3 mois d’allaitement,,,,pour mon 1er bebe,ni connaissais rien du tout,ai eu des hauts et des bas mais elle grandit et tout devient de plus en plus magique!!!! Â bientot,,,julie

    1. Floriane Répondre

      Un grand merci à toi pour ton retour qui me touche beaucoup ! Je te souhaite encore de merveilleux mois/années d’allaitement avec ta fille ! <3

  2. Nanakie Répondre

    super bel article ! j’adorerai avoir un sevrage de la sorte ! Quelle belle relation et quel beau parcours pour vous ! Je t’en souhaite autant avec ta fille !

    1. Floriane Répondre

      Merci beaucoup ! Je te souhaite une belle continuation d’allaitement et, le moment venu, un beau sevrage tout doux ! <3

  3. Sonia Danse prenatale Répondre

    Quel joli récit !!!!! C’est super que ça puisse venir de ton enfant:)
    C’est vrai que ça a été difficile pour moi aussi d’arrêter d’allaiter mes 2 enfants. Je me souviens de cette dernière fois ou je me suis dis que je n’allaiterais plus jamais ( en tous cas dans cette vie!!!)
    Quelle chance nous avons les femmes de pouvoir choisir cette expérience incroyable .
    Plein de belles choses à la petite famille
    Sonia Danse Prénatale

    1. Floriane Répondre

      Merci beaucoup de ton retour et de ton partage 🙂
      C’est vrai que c’est une expérience incroyable, et une sacré étape quand elle se termine !
      Plein de belles choses à toi et ta famille également 🙂

  4. Lumi Répondre

    Merci pour ce très doux témoignage, qui donne envie de tenter l’aventure… Même si pour le moment j’envisage d’arrêter l’allaitement vers le premier anniversaire de mon bébé. C’est en tout cas chouette de savoir que cela peut se passer avec autant de naturel et de douceur.

    1. Floriane Répondre

      Merci beaucoup pour ce retour, et bel allaitement à toi 🙂